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Edito : Il y a cent ans, la radio faisait entrer notre Monde dans une époque nouvelle

Il y a cent ans, le 12 décembre 1901, le physicien italien Guglielmo Marconi inventait la radio en réalisant la première transmission sans fil au-dessus de l'océan Atlantique. Ce jour-là, Marconi, qui a 27 ans, se trouve à Saint-Jean de Terre-Neuve au Canada. L'oreille collée à l'écouteur de son récepteur rudimentaire, il attend les trois signes brefs de la lettre "S" émis en morse à plus de 3.000 km de là, à Poldhu en Cornouailles (Angleterre). La liaison est très mauvaise mais la lettre est déchiffrable. Un an plus tard, le 15 décembre 1902, Marconi émet depuis la Nouvelle-Ecosse (Canada) le premier message radio jamais diffusé entre le Nouveau Monde et le Vieux Continent. Cette première innovation majeure du XXème siècle marquait l'aboutissement de trois décennies de progrès théoriques et techniques remarquables. En 1873, le génial Maxwell unifiait l'électricité et le magnétisme dans une théorie unique. En 1888, Heinrich Hertz vérifiait par l'expérience les travaux de Maxwell. A partir de 1890, les français Branly et Ducretet perfectionnaient les appareils de détection des ondes électromagnétiques. Enfin, en 1895, Marconi réalisait les premières transmission de TSF, Villa Grifone à Bologne, sur 2,4 km. Mais au-delà de son Prix Nobel de physique qui couronna ses travaux en 1909, Marconi obtint sa plus belle récompense en avril 1912 quand son invention permit au Titanic de lancer son "SOS" et de sauver 700 vies parmi les 2.200 passagers du paquebot qui venait de heurter un iceberg. Ses premières expériences, Marconi les a commencées dans la maison de campagne paternelle des environs de Bologne, à Pontecchio, aujourd'hui rebaptisé Pontecchio Marconi. En 1894, ses premières transmissions ne dépassaient pas le périmètre du jardin, soit une centaine de mètres. Mais comme son pays ne croyait pas à l'avenir de son invention, Marconi choisit en 1896 de s'exiler en Angleterre où il reçut les crédits nécessaires à la poursuite de ses recherches. La même année, il déposa le brevet de son système de transmission télégraphique. En 1899, il établit la première liaison radio au-dessus de la Manche dans le sens Angleterre-France. En 1901, Marconi sent qu'il est en mesure de réaliser la première transmission transatlantique. Avec son collaborateur John Ambrose Fleming, il construit à Poldhu une importante station de transmission. La puissance prévue est de 25 kilowatts. L'antenne est constituée d'une série de câbles attachés à 20 pylônes en bois, hauts de 60 mètres. Une installation identique est montée à Cape Cod aux Etats-Unis. Marconi arrive à Terre-Neuve le 6 décembre 1901. Vers 12h30, Marconi entend clairement les trois clics correspondant aux trois points du Morse. La distance était vaincue. Le 17 décembre 1901, le New York Times annonçait à juste titre "La plus merveilleuse conquête scientifique des temps modernes". A partir de décembre 1901, la puissance de l'émetteur de Poldhu est portée à 50 kilowatts, permettant au système de Marconi d'établir des liaisons régulières entre les Etats-Unis et l'Angleterre. En 1905, des modifications sont apportées aux stations émettrices : leur puissance est augmentée et Marconi met au point un nouveau type d'antenne : l'antenne directive. Le premier véritable message radio, quant à lui, fut transmis par un professeur canadien du nom de Reginald Aubrey Fessenden. Il utilisa les idées de Marconi et les améliora. Plutôt que d'utiliser un code morse, il apprit comment transmettre les messages vocaux et musicaux. La veille de Noël 1906, Fessenden surprit bon nombre d'opérateurs de télégraphie sans fil à bord des navires de l'océan Atlantique. Au lieu de recevoir des points et traits, ils reçurent de la musique de Noël et des versets de la Bible. Le professeur mit fin au premier programme radio en souhaitant à tous un " Joyeux Noël ". Il fallut cependant attendre 1907 pour que les communications soient suffisamment fiables et permettent que des télégrammes soient échangés 24 heures sur 24. La télécommunication commerciale venait de voir le jour. Marconi devait en 1909 partager le prix Nobel avec Ferdinand Braun, physicien allemand qui fut professeur à l'Université de Strasbourg et fit progresser la radiotélégraphie en découvrant des propriétés des cristaux que nous appelons aujourd'hui "semi-conducteurs" et notamment de la fameuse galène (PbS) dont il montra l'importance comme détecteur à la réception des ondes hertziennes. Le détecteur à galène détrôna rapidement le cohéreur et équipa de 1900 à 1920 tous les radios récepteurs. Parallèlement à ses recherches, Marconi qui fut aussi, comme Edison et Bell, un véritable entrepreneur, fonda la "Marconi Wireless Co", première entreprise spécialisée dans la transmission sans fil. Entre les liaisons maritimes, la seconde guerre mondiale, et l'apparition de l'électronique (lampe de Lee Forest en 1906), la T.S.F continua à progresser et donna naissance à la radiotéléphonie. En 1927, le premier poste radio entièrement électrique commença ses transmissions à partir de Toronto. Quant à Marconi, il devint sénateur et mourut en 1937 couvert de gloire et d'honneur. Dès les années 30, la radio pénétrait dans les foyers français où elle allait profondément modifier les mentalités en ouvrant à nos concitoyens, notamment en milieu rural, une fenêtre irremplaçable sur le monde. Cet extraordinaire médium d'information, de culture et de distraction devint aussi un redoutable instrument de propagande et d'endoctrinement au service des régimes et des idéologies totalitaires de toute nature. Il est frappant de constater que, contrairement au téléphone qui mit presque un siècle à pénétrer massivement dans nos foyers, moins de quarante ans suffirent pour que la radio devienne un objet familier pour les Français. Cette accélération dans la diffusion de masse des moyens d'information et de communication se poursuivra avec la télévision qui mettra 30 ans à pénétrer dans nos foyers. Le micro-ordinateur ne mettra que 20 ans à se banaliser puis, plus récemment, le mobile et l'Internet se répandront sur toute la planète en à peine 10 ans. Cent ans après cette première transmission transatlantique historique, la radio est plus populaire et plus vigoureuse que jamais et de récentes études nous confirment que la radio reste le médium préféré des Français. Après l'introduction de la modulation de fréquence et de la stéréophonie dans les années 60, la radio vit actuellement une nouvelle révolution technologique avec la montée en puissance de la diffusion audionumérique (DAB) qui permet une qualité et un confort d'écoute exceptionnels. Contrairement à ce que prévoyait de nombreux spécialistes de prospective, la radio n'a donc pas été supplantée par les nouveaux médias, pas plus qu'elle n'a elle-même fait disparaître l'écrit imprimé. Demain, la radio numérique sera partout, sur l'Internet bien sûr, mais aussi sur nos mobiles et nos assistants personnels. La radio est sans nul doute, avec le téléphone, la télévision, l'ordinateur et l'Internet l'une des innovations technologiques fondamentales qui aura le plus transformé la vie quotidienne et l'horizon informationnel et culturel des hommes au cours des cents dernières années. Merci Monsieur Marconi, vous avez bien mérité de l'humanité !

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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