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Les hivers secs en Méditerranée seraient annonciateurs de canicule

Aurait-on pu prévoir la canicule de 2003 qui a fait 70 000 morts en Europe ? Peut-être, si l'on en croit les recherches menées par Robert Vautard et Pascal Yiou, chercheurs au LSCE (laboratoire des sciences du climat de Saclay/CEA, CNRS).

Leur étude montre que les canicules en France sont toujours associées à des hivers secs dans une large bande, allant de l'Espagne au nord de l'Italie en passant par les Pyrénées et le Midi de la France. « Ces conditions sont nécessaires mais toutefois pas suffisantes » précisent les chercheurs. Pour que la canicule s'installe véritablement, en effet, il faut en plus que la circulation atmosphérique soit bloquée durant l'été sur l'ouest de l'Europe. Or le blocage, lié à la présence d'un anticyclone, est très aléatoire et donc imprévisible. « En 2005, j'avais parié que l'été allait être caniculaire car l'hiver avait été sec en Espagne et dans le sud de la France. Juin a été très chaud comme prévu mais un flux nord et ouest s'est installé en juillet et il n'y a pas eu de canicule », raconte le chercheur. Selon lui, la probabilité est de 70 à 90 %.

Pour traquer les signes annonciateurs de canicule, l'équipe conduite par Robert Vautard a d'abord sélectionné les dix étés européens les plus chauds au cours des 58 dernières années (1950, 1952, 1959, 1964, 1976, 1983, 1992, 1994, 1995 et 2003). Les chercheurs ont également analysé les données pluviométriques dans plus de cent sites en Europe lors des hivers ayant précédé les canicules. Ils se sont alors aperçus qu'à chaque fois, la sécheresse avait été très marquée dans le nord-ouest de la Méditerranée.

La corrélation est confirmée par un modèle climatique. Le scénario est le suivant. Au début de l'été, la sécheresse et la chaleur remontent progressivement de la zone méditerranéenne vers le continent européen, poussée par des vents du sud anormalement secs. La canicule s'installe. Pour les climatologues, leur étude montre que l'humidité des sols en zone méditerranéenne joue finalement un rôle clé dans le maintien de températures relativement clémentes durant l'été.

AGU

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