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Le HIV accroît bien le risque de très nombreux cancers

Dès les premières années qui ont suivi l'émergence de l'épidémie de sida, il est apparu que certains cancers étaient beaucoup plus fréquents chez les sujets infectés par le HIV, au point que 3 d'entre eux entraient dans la définition de la maladie : les sarcomes de Kaposi, les lymphomes non hodgkiniens (LNH) et les cancers du col de l'utérus.

Depuis, avec l'augmentation de l'espérance de vie des malades sous traitement anti-rétroviral, on a soupçonné que la fréquence d'autres types de cancers, comme les maladies de Hodgkin, les cancers des lèvres et les séminomes testiculaires, pouvait être également accrue chez les sujets infectés par le HIV. Certaines études ont même conclu à un accroissement d'incidence d'autres types de néoplasies, mais il restait difficile de faire la part de ce qui revenait à l'immunodépression et à d'autres facteurs dépendants de l'environnement et du mode de vie.

Pour mieux comprendre les relations complexes entre cancer et infection par le HIV, Andrew Grulich et coll. de Sydney (Australie), ont eu l'idée originale de comparer les données portant sur le taux de cancers chez les patients infectés par le HIV à celles des sujets ayant bénéficié d'une transplantation rénale, les deux groupes subissant une baisse de l'immunité (spontanée ou thérapeutique) mais ayant des modes de vie et un environnement différent.

En reprenant les données de la littérature, il a été possible de retrouver 7 études de cohorte ayant suivi au total 444 172 patients infectés par le HIV (avant ou après le diagnostic de sida) et 5 publications regroupant 31 977 transplantés rénaux.

Une méta-analyse de ces publications a montré, pour 20 types de cancers étudiés sur 28, une augmentation significative de l'incidence par rapport à la population générale du même âge, et ce dans les deux groupes de patients. La plupart de ces tumeurs étaient des néoplasies considérées comme liées à une infection virale ou bactérienne.

Ainsi, le risque (plus précisément le ratio d'incidence standardisé) de sarcome de Kaposi (en rapport avec une infection à HHV 8) était multiplié par 3 640 chez les sujets infectés par le HIV et par 208 chez les transplantés, celui des LNH (liés à une infection par un EBV) par 76 chez les sujets infectés par le HIV et par 8 chez les transplantés, celui des cancers liés à l'HBV ou l'HCV par 5,22 au cours de l'infection à HIV et par 2,13 après transplantation rénale, celui du cancer de l'estomac (en rapport avec une infection à H pylori) par environ 2 dans les deux groupes, celui des différents cancers liés à une infection à HPV (col de l'utérus, vulve, vagin, pénis, anus, cavité buccale et pharynx) par 2,32 à 28 au cours de l'infection à HIV et par 2,13 à 22,7 chez les transplantés.

L'incidence d'autres cancers, possiblement liés à une infection à HPV (de la peau en dehors du mélanome, des lèvres, de l'oesophage, du larynx, de l'oeil), s'est également révélée plus élevée dans les deux groupes.

En revanche, à l'exception des cancers du poumon et des bronches dont l'incidence était environ deux fois plus élevée dans les deux groupes, la fréquence de certains cancers épithéliaux parmi les plus répandus (sein, prostate, ovaire) n'est pas apparue comme significativement accrue dans les deux groupes.

Il semble donc bien que c'est essentiellement l'immunodépression liée à l'infection à HIV qui augmente le risque de très nombreux cancers et non les facteurs environnementaux et comportementaux qui peuvent être associés à cette infection.

JIM

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