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Edito : La guerre n'est pas inévitable

Le Monde est inquiet. Si nous portons crédit à une information qui nous est parvenue, il y a quelques heures, les Etats-Unis auraient déjà pris la décision de déclarer la guerre à l'Irak, dans la deuxième quinzaine de février. Cette semaine, pourtant, avec la force de la conviction qui l'anime depuis quelques mois, le Président Jacques Chirac a solennellement déclaré devant les Parlementaires Français et Allemands, réunis à Versailles le 22 Janvier 2003 pour y célébrer le 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée, que « la guerre n'est pas inévitable ». Insensiblement, depuis le milieu de l'année 2002, une situation nouvelle est en train de se créer dans notre Monde, et la France y joue un rôle fondamental sous l'impulsion de son Président. Depuis la chute du Mur de Berlin, en 1989, notre Monde politique, mais aussi économique, social et culturel, qui reposait depuis la seconde guerre mondiale sur une dualité entre le communisme et le libéralisme, se retrouvait figé après la disparition soudaine de l'un des deux boxeurs qui s'affrontaient sur le ring. Après cette dernière décennie du 20ème siècle qui, indubitablement, sera classée « hors du temps » par les historiens, tant elle a été leurrée par la virtualité de la bulle Internet, le boxeur américain qui s'est brutalement réveillé après s'être fait cruellement mordre aux mollets lors des attentats des « Twin Towers » s'est soudain mis à tourner en rond sur son ring, avec furie, pour chercher l'adversaire qui l'avait ainsi blessé dans sa chair la plus intime, alors qu'il avait l'esprit ailleurs. Un peu par hasard, mais beaucoup par intérêt, son attention se porta sur le « loubard » de service, l'Irak, et depuis il veut le forcer à monter sur le ring pour l'affronter et n'en faire qu'une bouchée tant la différence de force est grande. Mais, alors que l'arbitre, l'ONU, avait été totalement transparent et inaudible pendant toute la période opposant les USA et l'Union Soviétique, nous avons vu depuis quelques mois cet arbitre sur lequel personne n'aurait parié un kopeck, il y a peu, soudain visible et audible, dire au superlourd américain qu'il fallait respecter les règles. Abasourdi de voir l'arbitre, hier totalement absent de ce match, reprendre vie et cohérence, et oser lui faire des remarques, le boxeur américain, tout en continuant à grogner et tenir son poing levé, a suspendu sa frappe sur l'adversaire qu'il s'est choisi. Depuis quelques jours, le superlourd américain recommence à tourner en rond sur son ring comme un fauve en cage et les bookmakers prennent peur. Mais que voit-on ? L'arbitre, dont nous avions presque oublié la mission fondamentale tant il avait été inefficace pendant tout l'affrontement entre le monde libre et le communisme, s'apprête à porter son sifflet à la bouche... Osera-t-il siffler, sachant que le souffle ne peut être apporté que par l'un des membres permanents du Conseil de Sécurité, c'est-à-dire la Russie, la Chine ou la France, qui peut faire jouer son droit de véto ? Or, pour la première fois depuis le début du match, il semble que le souffleur soit prêt à apporter l'énergie nécessaire à l'arbitre pour que celui-ci siffle. S'il en était ainsi, c'est toute une nouvelle époque qui s'ouvrirait. L'intelligence pourrait alors l'emporter sur la force brute. Mais, comme souvent dans les pièces modernes interactives, ce ne sont pas les acteurs mais beaucoup plus les spectateurs qui décideront de la chute. Soit ils applaudiront le champion américain, et l'inviteront à taper sur le « Loubard » irakien et alors, sans retenue, notre boxeur superlourd écrasera notre fanfaron de banlieue, soit ils accorderont, enfin, toute l'autorité qui est due à l'arbitre et siffleront la première puissance de la Terre et alors, vraiment, toutes les chances seront offertes à notre Monde d'entrer dans une nouvelle époque. Mais malgré cela, le suspens resterait entier. Notre boxeur superlourd qui est certain de sa force et sait qu'il ne peut être battu, écoutera-t-il l'arbitre ? That is the question ...

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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