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La Grande Bretagne mise sur l'énergie des océans

Il y a eu l'usine marémotrice de la Rance, ouverte il y a tout juste quarante ans près de Dinard (Ille-et-Vilaine), et qui reste la plus grande installation de ce type au monde (240 MW). Et puis plus rien, ou presque, en France, pour capter l'énergie des océans. Mais la hausse du prix des hydrocarbures et les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre pourraient changer la donne, ainsi que certains l'ont déjà compris. C'est le cas de la Grande-Bretagne, en pointe dans ce domaine, comme l'a montré un séminaire franco-britannique sur les énergies marines qui s'est tenu au Havre les 19 et 20 janvier. Outre-Manche, les projets pullulent. Serpents de mer articulés, prototypes de pédalos à hydrofoils immergés, hydroliennes ancrées au fond de l'eau ou montées sur des pieux, l'imagination des ingénieurs n'est guère bridée.

Et pour cause : en 2010, la Grande-Bretagne devra avoir réduit ses émissions de CO2 de 20 % par rapport à celles de 1990 et produire 10 % d'énergies renouvelables. Elle se donne donc les moyens de ses ambitions, a rappelé Sir John Holmes, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris : "Vingt-neuf millions d'euros ont été investis depuis 1999 dans des programmes d'énergie marine et un fonds de 61 millions d'euros sur trois ans est prévu pour des démonstrateurs." Toute une infrastructure se met en place, souvent inspirée de ce qui a déjà été fait dans l'éolien offshore, arrivé à maturité et dont les acteurs se diversifient. Un atlas des ressources de l'énergie marine a déjà été dressé. Dans les îles écossaises d'Orkney, un Centre européen d'énergie maritime (EMEC) a été créé pour permettre aux entreprises de tester leurs prototypes : des câbles électriques, reliés au réseau national, et des fibres optiques sont couplés à des bouées en mer pour mesurer les performances et le comportement des engins. "Il s'agit d'aider l'industrie à se mettre à l'eau et de définir des standards", explique Neil Kermode, son directeur.

Pelamis, sorte de serpent de mer articulé de 150 mètres de long et de 700 tonnes, d'une puissance de 750 kW, y a fait ses premières armes en 2004. Le premier tronçon d'une future ferme à vagues devrait être livré au printemps au Portugal. Et, pour le courant de marée, le projet SeaGen (1 MW) de Marine Current Turbines Ltd est proche de la commercialisation. Si, en France, EDF se contente d'études préliminaires, sa filiale britannique, EDF Energy, vient d'investir 3 millions d'euros dans SeaGen.

Face à ce volontarisme, la France, qui dispose pourtant d'importants moyens d'essai, fait pâle figure. "Les énergies marines ne sont pas des axes prioritaires dans le développement du renouvelable de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe)", convient son représentant. Et le délégué interministériel au développement durable, Christian Brodhag, s'est d'emblée présenté "comme un facilitateur de projet, non un financeur". L'idée étant de créer un consortium recherche-industrie pour chercher des financements du côté de l'Agence de l'innovation industrielle.

Il est vrai que le secteur est encore dans l'enfance et que, outre les aspects réglementaires, environnementaux et les conflits d'usage de la mer qui ne manqueront pas de surgir, il reste nombre de questions scientifiques et technologiques à étudier. "Jusqu'ici, presque tous les projets se sont retrouvés par le fond, rappelle Alain Clément (Ecole centrale de Nantes, CNRS), père du projet Searev, un système de récupération de l'énergie des vagues constitué d'un flotteur et d'un volant d'inertie. Les technologies sont très différentes. La mer va arbitrer."

Le Monde

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