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Google aussi puissant qu'un Etat, la responsabilité sociale en moins

Google a annoncé récemment sur son site Internet une nouvelle mise à jour de son algorithme, clé du référencement des pages web sur son moteur de recherche. L'objectif : proposer aux internautes les résultats les plus "frais" possibles, c'est-à-dire les plus récents ou les plus récemment mis à jour. Pour les sujets d'actualité ou les événements récurrents, comme les festivals de cinéma ou les compétitions sportives, ce changement a tout d'une amélioration. Paradoxalement, il risque surtout d'avoir des conséquences dévastatrices sur l'économie numérique.

Déjà en août dernier, la précédente mise à jour de l'algorithme Google, appelée Panda, avait été un coup dur pour des nombreuses entreprises ; les comparateurs de prix notamment, dont les résultats dépendent quasi-essentiellement du trafic et donc du référencement sur Google. L'un d'entre eux, Twenga, a d'ailleurs porté plainte récemment contre le géant du web pour abus de position dominante. Selon une étude du spécialiste allemand du référencement Searchmetrics.com, certains avaient vu leur trafic baisser de 70 % en une semaine.

Et pour cause, les contenus "uniques" - visibles sur un seul et unique site - sont favorisés par Panda. Or, les comparateurs de prix présentent par définition les mêmes produits. Avec cette nouvelle mise à jour, ce sont les contenus les plus récents - et pas forcément les plus pertinents ou les plus appréciés des internautes - qui auront la part belle. Les résultats d'une recherche comme "appareil photo pas cher" risquent donc d'être largement bouleversés.

France 24 avait, en août dernier, rencontré certaines des victimes collatérales de Panda. Jean-Christophe Janicot, fondateur de Touslesprix.com, qui avait perdu en quelques jours 40 % de son trafic, dénonçait la difficulté pour son site de  produire des contenus spécifiques afin rester dans la course au référencement.

Adrien Bernard, dont le site Techno-sciences reprend des articles scientifiques publiés sur des portails plus importants, comme celui du CNRS, faisait lui directement des reproches  à Google. "Je trouve dommage qu’un site comme le nôtre, qui fait de la publication, soit obligé de perdre du temps à gérer les desiderata de Google", pestait-il. "Google devrait être au service des sites Internet et non pas tenter de les mettre à son service".

Sachant que cette nouvelle mise à jour devrait, selon Google, impacter 35 % des requêtes, il y a matière à s'inquiéter pour les entreprises, mais pas seulement. Si celles-ci continuent à mettre la clé sous la porte, Internet offrira de moins en moins de choix à ses usagers ; ce qui devait pourtant être sa force. En effet, ce sont principalement les grands sites comme Orange (+66 %) ou YouTube (+52 %) qui bénéficient de cette nouvelle manière de classer les résultats des recherches.

Un acteur économique disposant d'un telle puissance  peut-il continuer indéfiniment à agir en tenant compte uniquement de son propre intérêt ? Numerama, qui dénonce la toute puissance de Google, note que les Etats, seuls acteurs au pouvoir comparable, sont soumis à des règles. Surtout, conscients de leurs responsabilités, ils s'auto-régulent. Signe que les temps changent, la Commission européenne a commencé il y a quelques semaines à enquêter sur les pratiques de Google.

Atlantico

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  • Charles

    17/11/2011

    En toute honnêteté, je trouve que cette mise à jour des algorithmes de Google est un excellent point. Celle-ci met avant tout l'accent sur un contenu mis à jour fréquemment, dont le contenu est original, ce qui permettra de promouvoir les sites qui créent leurs propres publications plutôt que de mettre en avant les sites qui ne se contentent que d'agréger les publications des autres.

    Vous ne mentionnez pas que la plupart des sites dont le revenu dépend principalement du trafic n'hésitent pas à tricher et à rivaliser d'astuces afin de se retrouver en tête des moteurs de recherche. Notez aussi que les plaignant sont avant tout des sites d'agrégats d'articles ou de prix, dont les revenus sont générés principalement par la publicité, via l'affichage ou clics sur les bandeaux présents sur leurs pages. Je rappellerai aussi que les modèles de monétisation basés exclusivement sur la publicité ne sont plus présentés comme viables depuis l'éclatement de la bulle Internet, d'autres sources de financement devant être trouvées afin de permettre une stabilisation des revenus, ainsi que la pérennité de ces entreprises.

    Je reviendrai également sur une chose. Ce ne sont pas simplement les grands sites qui bénéficieront de meilleurs résultats, mais aussi les blogs ou sites de nouvelles régulièrement mis à jour, disposant d'un contenu qui n'est pas calqué sur celui de leurs concurrents.

    Ces changements favorisent grandement l'innovation et l'originalité, devant d'autres dont le contenu est bien souvent réalisé à l'aide de traitements automatisés ou de pâle copie par leurs chroniqueurs, des personnes qui ne se contentent que de reprendre ce que leurs confrères ont déjà écrit auparavant.

    De quel droit un site qui ne se contente que faire de la copie d'information devrait-il se retrouver en tête des résultats d'une recherche ? De quel droit un copieur devrait-il avoir plus de chances de son côté que l'auteur original d'une publication ?

    Rendons la publication aux auteurs et aux idées nouvelles, plutôt que privilégier le statu quo.

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