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La génétique risque de déstabiliser la démographie mondiale

Le Dr Donald Louria, 73 ans, n'est pas un illuminé. Depuis 1970, il consacre son activité à la médecine préventive. Diplômé de Harvard, il a mis au point, il y a plus de trente ans, le « Healthful Life Program », bréviaire de la forme physique comprenant 17 tests (dont la mammographie, la mesure régulière de la tension artérielle, la mesure du taux de cholestérol, des examens d'ostéodensimétrie, de recherche du cancer colo-rectal et du glaucome, des recommandations sur le poids, le tabagisme et l'alcoolisme. Pendant 30 ans, le Dr Louria a dirigé le département de médecine préventive de l'université du New Jersey à Newark. Il a exigé et obtenu que son « Healthful Life Program » soit mis en oeuvre par les HMO (Health Maintenance organizations) dans le New Jersey. La loi a été adoptée par l'Etat, mais les HMO traînent dans l'application des mesures préventives. Il veut néanmoins en faire une loi nationale. Il a participé aux travaux de recherche sur un vaccin anti-SIDA en étudiant plus particulièrement le cas des femmes africaines qui ne sont jamais contaminées par le virus en dépit de comportements à très haut risque. Bref, le Dr Louria consacre son existence à prolonger celle de ses compatriotes. Il n'en publie pas moins, dans une revue, « The Futurist » un article qui soulève un vaste débat aux Etats-Unis. Dans cet article, il s'inquiète des progrès de la génétique, des progrès, dit-il, qui risquent « d'ouvrir la boîte de Pandore » : dès lors qu'on est en mesure d'agir sur les gènes qui programment la durée d'une vie humaine, on pourra la prolonger au-delà du raisonnable. Le Dr Nouria parle d'une espérance de vie qui, dans les pays industrialisés, « pourrait atteindre entre 120 et 180 ans ». Ce qui multiplierait par cinq le nombre d'habitants de la planète entre le XXIIe et le XXIIIe siècle. Situation forcément intolérable puisque les ressources du monde ne suffiraient plus. « A un moment donné, écrit-il dans "The Futurist", le nombre d'humains sera si élevé qu'il rendra leur vie misérable et fera disparaître d'autres espèces ; nous sommes en train de semer les graines de notre propre destruction. » Avec des conséquences faciles à imaginer : des conflits au sujet de l'eau, de la nourriture et des ressources minérales, une pollution accablante, des épidémies dévastatrices, des déplacements de populations, une accélération du réchauffement de la planète et de la destruction des forêts tropicales. La thèse du Dr Louria est approuvée par certains, critiquée par d'autres. Le Dr Robert Butler, qui a fondé le National Institute of Aging en 1975 et dirige aujourd'hui l'International Longevity Center (ILC) à New York, déclare au « Quotidien » : « Nouria a raison. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons fondé l'ILC. Il faut absolument étudier, de manière scientifique, les conséquences à long terme de la progression de l'espérance de vie. Et inclure dans cette étude les effets des manipulations génétiques. Quand on joue avec la nature, il vaut mieux savoir où l'on va. » Pour le Dr Butler, Nouria est d'autant plus crédible qu'il n'a cessé de travailler sur la qualité de vie en s'aidant de la médecine préventive. « Il a donné aux baby-boomers la clé d'une vie de très bonne qualité pendant les 20 dernières années de leur existence ; l'objectif n'est pas de vivre jusqu'à 100 ans ou plus, mais de bien vivre sa retraite. Et c'est pourquoi Nouria dénonce le risque d'une espérance de vie qui, au contraire, ruinerait la qualité de vie des vieux comme des jeunes. » Mais beaucoup d'experts rejettent l'hypothèse d'une durée de vie de 120 ans ou plus. Certes, Nouria s'est appuyé sur les progrès de l'espérance de vie, passée en un siècle de 49 à 76 ans pour les seuls Etats-Unis. Mais il est le premier à reconnaître que les manipulations génétiques sur la souris ne sont pas transposables à l'homme. Et beaucoup de spécialistes du vieillissement estiment que, même en tenant compte des progrès de la génétique, l'espérance de vie ne dépassera jamais les 110-120 ans dans les siècles à venir. « Il n'existe aucun fondement à la théorie selon laquelle les hommes atteindraient 180 ans en 2100 », dit au « Quotidien » le Dr Hubert Warner, du National Institute of Aging. Et les progrès de la génétique ne constituent qu'un des facteurs, pas forcément le plus important. Si la longévité progresse, ce sera davantage grâce à l'hygiène de vie, à la thérapie génique, aux antioxydants et à la recherche sur les cellules souches. La plupart de ces facteurs en sont au stade de la recherche et n'ont aucune application thérapeutique courante. Pour le moment et pour ce qu'on en sait à l'heure actuelle, ce sont de merveilleux instruments pour améliorer la qualité de vie. Et il ne faut pas y renoncer au nom d'une hypothèse catastrophique que ne soutient aucun travail scientifique. »

Quotimed : http://www.quotimed.com/information/index.cfm?

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