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La France veut en savoir plus pour relancer rapidement ou non le nucléaire

Le gouvernement veut en savoir plus pour décider de relancer rapidement ou non le nucléaire en France, une décision qui sera prise au plus tard début 2004, et il affiche comme des priorités la maîtrise de la consommation d'énergie et le développement des énergies renouvelables. Si les économies de consommation et le développement de l'éolien, du solaire et de la biomasse (recyclage du bois en énergie) ont engendré un "consensus total" lors du débat national lancé en début d'année pour définir la politique énergétique de la France des trente années à venir, tel n'a pas été complètement le cas du nucléaire, a expliqué la ministre déléguée à l'Industrie Nicole Fontaine. La question de l'avenir du nucléaire en France ne peut être tranchée en l'état actuel des connaissances scientifiques. Telle est la conclusion, très prudente, du rapport de synthèse du débat national sur les énergies, rendu public le 13 septembre par la ministre déléguée à l'Industrie Nicole Fontaine. Rédigé par les trois "sages" chargés de garantir le pluralisme du débat, l'ancien directeur de la Recherche d'Elf Aquitaine Pierre Castillon, le présentateur d'EM6 Mac Lesggy et le sociologue Edgar Morin, ce rapport de 64 pages, scindé en deux contributions, tire les conclusions des sept réunions organisées au printemps dernier dans les régions. L'objectif de ce débat national, qui constituait une première en France pour un sujet traditionnellement réservé aux seuls spécialistes, était de préparer le projet de loi d'orientation sur la politique énergétique de la France pour les 30 années à venir qui doit être soumis d'ici la fin de l'année au Parlement. "Il paraît difficile, pour certains mais pas tous, que la France puisse se passer du nucléaire si elle veut diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050", a déclaré la ministre. La production d'électricité par les centrales nucléaires ne rejette pas de gaz à effet de serre et ne contribue donc pas au réchauffement de la planète. Mais Mme Fontaine a admis que des divergences existaient sur la nécessité ou non de lancer rapidement le réacteur nucléaire de troisième génération EPR (Réacteur européen à eau sous pression), pour remplacer à terme le parc actuel. La ministre présentera fin octobre un avant-projet de loi sur la politique énergétique française des 30 prochaines années, soumis pendant deux mois à concertation, puis, début 2004, le projet de loi d'orientation définitif. "Je devrais pouvoir trancher (sur l'EPR) au début de l'année prochaine au plus tard", a-t-elle précisé. Le philosophe Edgard Morin - l'un des trois "sages" nommés par le gouvernement dans le cadre du débat national et qui ont rendu leur rapport vendredi - a jugé que l'EPR ne s'imposait pas. "Les centrales actuelles ne devenant obsolètes qu'en 2020, il semble inutile de décider d'une nouvelle centrale EPR avant 2010. L'incertitude actuelle ne permet pas d'être assuré que l'EPR, conçu dans les années 80, serait la filière de l'avenir. Un temps de réflexion de huit ans me semble nécessaire", a-t-il écrit. Les deux autres sages, le scientifique Pierre Castillon et le journaliste scientifique Mac Lesggy, ont quant à eux jugé que "toutes les sources d'énergie", y compris le nucléaire, seront nécessaires à l'avenir "pour faire face aux besoins croissants de la planète", si bien que "la France doit préserver ses positions reconnues de leader technologique" dans ce domaine. Aussi Mme Fontaine a-t-elle demandé des compléments d'informations sur l'EPR "à Areva, EDF et l'Autorité de sûreté". Le groupe nucléaire français Areva est co-concepteur du projet EPR et milite pour son lancement rapide. Mme Fontaine veut connaître l'apport de l'EPR en terme de sûreté (risques sismiques, accidents, déchets), sa "compétitivité" par rapport aux autres filières, ainsi que "l'échéance raisonnable" de lancement des réacteurs de quatrième génération, dont la recherche commence tout juste, et la façon dont ils s'articuleraient avec l'EPR. La ministre a aussi évoqué certaines des mesures qu'elle entend adopter pour favoriser les énergies renouvelables et encourager les économies d'énergie : incitations fiscales en faveur des énergies "vertes", possibilité de mettre en place des certificats d'économie d'énergie comme cela existe au Royaume-Uni. Le ministère va aussi lancer avant la fin de l'année trois appels d'offres pour construire des éoliennes terrestres et en mer ainsi que pour la transformation du bois en énergie. Les énergies renouvelables représentent moins de 1 % de la consommation française d'électricité, le nucléaire 75 % et l'hydraulique 14 %.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/030912/202/3e6cy.html

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