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Un espoir pour les paralysés : La greffe de la moelle épinière

Le film que montre volontiers dans son laboratoire le docteur Alain Privat (Inserm, université Montpellier-II) est carrément époustouflant : on y voit des rats courir... comme des dératés. Or il faut savoir qu'auparavant les rats en question s'étaient vu infliger un traumatisme sévère de la moelle épinière et que, ainsi rendus paraplégiques, ils avaient perdu l'usage de leurs membres postérieurs. Or, on ne le sait que trop, les lésions de la moelle épinière - l'un des rares tissus qui ne cicatrisent pas spontanément - sont, jusqu'à nouvel ordre, irréversibles. Le secret du miracle : ces animaux ont reçu, au niveau de la lésion spinale, une injection de neurones - des cellules nerveuses prélevées sur des embryons de rats. Et la greffe a fonctionné. Les rats ont récupéré leur motricité. Le résultat de cette expérience vient d'être présenté à Deauville, dans le cadre du 4e symposium international sur les lésions traumatiques de la moelle épinière . Le symposium, qui réunit 200 spécialistes internationaux, est organisé par l'Irme (Institut pour la Recherche sur la Moelle épinière), dont le président, Gabriel Maillard, se laisse pour la première fois bercer par " l'espoir, aujourd'hui raisonnable, de l'extrapolation à l'homme de certains résultats obtenus chez l'animal ". Mais la transposition à l'humain de résultats obtenus chez le rat de laboratoire peut demander des années... ou même n'aboutir jamais. Le premier essai sur l'homme est envisagé à l'échéance de deux ans seulement. Le docteur Privat se refuse toutefois à trop d'optimisme : " Pour le moment, nous développons des outils. Nous ne prétendons pas que nous allons guérir les gens. " En attendant, quelques autres pistes méritent d'être signalées. Par exemple le projet européen Suaw (pour " Stand Up And Walk ", c'est-à-dire " Lève-toi et marche ") : six pays sont engagés dans l'aventure, et dix-huit paralysés sont en cours de recrutement pour expérimenter la technique. Il s'agit d'implanter seize électrodes, chacune capable de stimuler l'un des seize principaux muscles des jambes impliqués dans la marche, en prenant ainsi le relais de la moelle épinière endommagée. Il ne s'agit certes pas de remarcher " comme avant ". Rien de souple dans ce déplacement rudimentaire, cette lourde, lente et pénible démarche de robot, derrière un chariot à roulettes porteur de batteries et d'ordinateurs, et avec des fils plein les jambes, pour la délivrance des indispensables impulsions électriques. Mais les intéressés sont visiblement enthousiastes. L'un d'eux explique ce que représente le fait, extraordinaire, de " se retrouver en position debout ", même si ce n'est que pour franchir quelques mètres.

(Nouvel obs/15/10/98

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