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Un entraînement cérébral efficace

Les exercices mettant en œuvre la mémoire à court terme d'un enfant favorisent ses capacités de raisonnement… si l'enfant est motivé.

Le célèbre jeu d'entraînement cérébral du Docteur Kawashima sur console portable est-il efficace ? Si oui, à quel public s'adresse-t-il ? Les offres commerciales d'entraînement cérébral, ou plutôt cognitif, ne cessent de se multiplier, sans que l'on sache vraiment si elles améliorent les capacités de réflexion. Susanne Jaeggi et ses collègues, du Département de psychologie de l'Université du Michigan, aux États-Unis, montrent qu'un entraînement cognitif de la mémoire dite de travail améliore les capacités de raisonnement des enfants. Mais tous les enfants n'en tirent pas les mêmes bénéfices…

La capacité de raisonner et de résoudre des tâches nouvelles, nommée l'intelligence fluide, est un facteur de l'intelligence générale ciblé par les exercices cognitifs. L'autre forme d'intelligence, dite cristallisée, est la capacité à utiliser ses connaissances et ses compétences. Certains entraînements cognitifs pourraient améliorer l'intelligence fluide, notamment ceux mettant en œuvre la mémoire de travail (ou à court terme), c'est-à-dire le système cognitif qui permet de stocker et de manipuler temporairement  des données en nombre limité. La mémoire de travail intervient en particulier dans des tâches cognitives complexes, telles que lire, raisonner et résoudre des problèmes. Elle se met en place progressivement dans l'enfance.

Pour montrer que l'entraînement cognitif faisant intervenir la mémoire de travail améliore l'intelligence fluide, les psychologues américains ont entraîné pendant un mois 62 enfants âgés d'environ 9 ans, à raison de cinq séances de 15 minutes par semaine. Le premier groupe d'enfants réalisait un exercice mettant en œuvre la mémoire de travail : ils visionnaient des séquences de jeux vidéo où une cible apparaissait à différents endroits de l'écran. Quand le stimulus réapparaissait à un endroit où il était déjà passé, les enfants devaient appuyer sur un bouton. Le second groupe d'enfants réalisait plutôt des exercices de vocabulaire et de culture générale, destinés à stimuler leur intelligence cristallisée. Pour motiver les enfants, tous les entraînements utilisaient des images et des graphismes attrayants semblables à ceux des jeux vidéo. Avant, juste après et trois mois après les sessions d'entraînement, les chercheurs ont mesuré les performances des enfants à l'aide de deux tests de raisonnement classiques en psychologie cognitive.

Résultat, les enfants ayant travaillé leur mémoire de travail présentaient une meilleure capacité de raisonnement juste après l'entraînement, mais aussi trois mois après, en comparaison avec les enfants ayant stimulé leurs connaissances générales. Preuve que l'entraînement cognitif aurait un effet à long terme.

Cela dit, le bénéfice était faible (de l'ordre de 20 pour cent) et certains enfants ne s'étaient pas améliorés. Pour quelle raison ?  Les enfants les moins motivés et les moins enthousiastes lors de l'entraînement cognitif, ainsi que ceux qui trouvaient l'entraînement trop compliqué, ont eu les moins bons résultats.  Cela suggère qu'un entraînement de la mémoire de travail n'est efficace que s'il est adapté aux capacités des participants – il ne doit être ni trop simple, ni trop compliqué – et s'il est réalisé de façon ludique. Ainsi, les jeux de soi-disant docteurs sur consoles portables vous feront-ils progresser ou amélioreront-ils les résultats scolaires de vos enfants ? Rien n'est moins sûr.

Pour la Science

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