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En Espagne, une morte va donner la vie

C'est l'histoire d'un pari médical : comment donner la vie à un foetus dont la mère est morte depuis plusieurs semaines ? Ce cas de figure rarissime - du jamais vu en Espagne - se présente à l'hôpital de Cabueñes, près de Gijón (Asturies, au nord du pays) et défraye la chronique depuis début décembre. C'est en effet à ce moment que la chose est rendue publique: une certaine "M.L.M.", déclarée "cliniquement morte" le 13 novembre, est maintenue artificiellement en vie afin de mener une grossesse jusqu'à son terme. Avant de s'éteindre, assure-t-on à l'hôpital, la mère a souhaité que son enfant vienne au monde. Toujours selon l'équipe médicale, l'enfant, un "mâle" âgé aujourd'hui de 27 semaines, pèse 700 grammes et connaît un "développement normal". L'unité des soins intensifs affirme que, si sa gestation se poursuit favorablement au-delà des 35 semaines dans l'utérus maternel, l'entreprise sera alors à coup sûr couronnée de succès et l'on pourra procéder à une césarienne. On parle déjà d'un accouchement autour du 25 janvier 2000, même si un échec n'est pas exclu. . A l'hôpital de Cabueñes, en effet, on n'exclut pas la mort définitive de la mère ou de "possibles complications". Dans la perspective d'une césarienne prématurée, on signale qu'"on a déjà vu des cas de survie de bébés" au poids et à la croissance comparables. Pour le docteur Manuel Sanchez Luna, de l'hôpital madrilène Gregorio Marañón, "ce qui est sûr, c'est que plus on parvient à prolonger le temps où le foetus intra-utérin est nourri via le placenta, plus ses chances de survie sont grandes.

Libération : [http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/991217vend.html">...] De toute façon, on n'a pas encore trouvé de moyen plus efficace". A l'hôpital, l'équipe médicale n'a pas cédé à la panique. Avant de "jeter" l'affaire sur la place publique, le feu vert donné par un juge de Gijón pour procéder à cet accouchement atypique était déjà en poche. Aujourd'hui, on continue de porter un grand soin à la génitrice. Bien que déclarée "cliniquement morte", cette dernière est maintenue artificiellement en vie grâce à la respiration assistée, et via un traitement pharmacologique. Chaque jour, elle est soumise à des analyses, des échographies, des contrôles, afin de déterminer si le foetus continue de recevoir les agents nutritifs nécessaires. Pour l'heure, la "couvée naturelle" semble porter ses fruits. Un médecin de l'hôpital de Cabueñes, cité dans La Nueva España: "C'est comme si la mère était endormie dans la salle d'opération. La mort physique n'a pas été complète." Sur place, cette affaire fait l'objet d'une unanimité sans faille. Comme un seul homme, responsables médicaux, autorités ecclésiastiques et groupes féministes soutiennent pleinement ce "défi" médical. A l'échelle nationale, la dimension éthique du phénomène n'a pas été abordée. A la télé ou dans la presse, l'affaire n'a pas suscité de débat ou de réserves d'ordre moral, sinon une adhésion collective à la "tâche" médicale.

Libération : [http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/991217vend.html

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