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Edito : Édito Energies renouvelables : il faut une volonté politique plus forte

Alors que notre Parlement vient d'adopter à une large majorité, la Charte sur l'environnement et le projet de loi d'orientation sur l'énergie, les représentants de 150 états se sont réunis à Bonn du 1er au 4 juin pour une conférence consacrée aux énergies renouvelables. Ouvrant la conférence, le ministre allemand de l'Environnement, Juergen Trittin, a rappelé les avantages de ces filières, "inépuisables", "disponibles presque partout" et permettant de réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole, de créer des emplois, de protéger le climat et de réduire la pollution de l'air ». La conférence, qui a réuni plus de 3.000 participants, a mis en lumière la nécessité de promouvoir activement un marché des énergies renouvelables, au Nord comme au Sud, et d'augmenter significativement la part mondiale des sources d'énergie renouvelables. A l'issue d'une conférence organisée par le gouvernement allemand, les 150 Etats représentés ont adopté une "Déclaration politique" qui reprend sur ce point une formule agréée au sommet de Johannesburg sur l'environnement de l'été 2002. "Ils partagent la vision, poursuit le texte, que les énergies renouvelables, combinées avec une efficacité énergétique accrue, deviendront des sources d'énergie très importantes et largement disponibles et qu'elles offriront de nouvelles opportunités de coopération entre tous les pays". Cette déclaration commune souligne expressément que "les gouvernements devraient se fixer des objectifs chiffrés, assortis éventuellement d'échéances dans le temps" de développement des énergies renouvelables. Cette conférence internationale avait pour arrière-plan la lutte contre les changements climatiques et une éventuelle pénurie à terme de pétrole. Il est vrai que la situation climatique est de plus en plus alarmante : le haut responsable de l'ONU pour le changement climatique, Joke Waller-Hunter.a d'ailleurs annoncé au cours de cette conférence que les concentrations de CO2 dans l'atmosphère, à l'origine du changement climatique, augmentent actuellement ont atteint 379 parties par million (ppm) en mars à Mauna Loa (sur l'île américaine de Hawaï dans le Pacifique), un record, bien au-dessus du niveau pré-industriel de 280 ppm", a annoncé Mme Waller-Hunter. "Elles ont augmenté de 3 ppm en un an, soit bien plus que le rythme annuel de 1,8 ppm enregistré dans la dernière décennie". (voir article dans la rubrique « Environnement de ce numéro). Mais en organisant la réunion, Berlin entendait également conforter la place de l'industrie allemande sur le marché mondial des renouvelables. L'Allemagne, qui a décidé de sortir du nucléaire, est déjà le leader mondial de l'éolien (15 000 MW installés, soir plus de la moitié de l'électricité éolienne d'Europe et...60 fois plus que la production éolienne française) et le numéro deux du solaire, le Japon occupant la première place. Tout récemment, l'Allemagne a mis en service ses premières éoliennes géantes, les E-112 D'une puissance de 4,5 mégawatts. La E-112 permet d'alimenter en électricité sur une année 4.250 foyers de 3 personnes. Les éoliennes allemandes, avec au total 15 000 MW installés représentent déjà le tiers des capacités mondiales. L'objectif du gouvernement allemand est que .25% de l'électricité consommée en Allemagne soit éolienne en 2030. Pour atteindre ces objectifs, les éoliennes vont devoir augmenter en taille et être installées en mer. Ces futures éoliennes géantes de 5 MW seront probablement construites en haute mer à partir de 2006. Si l'on ajoute à l'énergie éolienne et à la biomasse, le solaire thermique et photovoltaïque, la géothermie, l'hydraulique et l'énergie des vagues, l'Allemagne pourrait donc être en mesure de produire, à l'horizon 2030, grâce aux énergies renouvelables, plus de la moitié de toute l'énergie qu' elle consomme. Contrairement aux combustibles "fossiles", les énergies "vertes" n'émettent pas de gaz réchauffant l'atmosphère et sont inépuisables. En 2000, elles représentaient 5% de l'offre énergétique mondiale contre 38% pour le pétrole, 50% pour le charbon et le gaz et 7% pour le nucléaire, d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En 2030, elles progresseraient à 6% seulement contre 37% encore pour l'"or noir", selon l'AIE. " Cette conférence survient au moment où l'Union européenne vient officiellement de reconnaître que sa directive fixant la part des renouvelables dans la consommation d'électricité des Quinze à 22,1% en 2010 (contre 13,9% en 1997), ne serait pas respectée. Notre pays, pour sa part, vient de définir, au travers du projet de loi d'orientation sur l'énergie, les grandes orientations de sa politique énergétique : un des objectifs majeurs de cette loi vise à mieux préserver l'environnement et en particulier lutter contre l'effet de serre en se fixant comme objectif une division par quatre de nos émissions de gaz d'ici 2050, ce qui suppose une baisse de l'intensité énergétique rapport entre la consommation d'énergie et le PIB) de 2% par an à l'horizon 2015. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le gouvernement vise une part de renouvelables dans la consommation d'énergie de 9% en 2010" contre 6% actuellement, vient de rappeler M. Devedjian au Sénat. La France a en effet la chance de posséder des caractéristiques géo-climatiques qui lui donnent un immense potentiel de développement des énergies renouvelables, tant dans les domaines de l'éolien que du solaire, de la géothermie ou de l'énergie des vagues et des marrées. Pourtant, en matière d'énergies renouvelables, notre pays accuse un retard considérable par rapport à nos voisins anglais et allemands. Pour rester dans cette course technologique, la France doit faire un effort accru pour développer dans la durée, et simultanément, les différentes sources d'énergies renouvelables, éolienne, solaire, géothermique, biomasse et énergie des vagues notamment. Face aux objectifs de nos principaux voisins nous devons par ailleurs revoir à la hausse nos ambitions et nous fixer pour 2030 l'objectif d'au moins 40% d'électricité produite à partir des énergies renouvelables (y compris l'hydraulique). Il est temps pour notre pays de comprendre que le développement des énergies renouvelables ne répond pas seulement à une nécessité écologique -réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre- mais représente également un enjeu technologique et industriel stratégique, ce qu'on parfaitement compris des pays comme l'Allemagne, la Grande Bretagne et le Japon. Alors que l'Assemblée nationale vient d'adopter, grâce à l'implication personnelle du Président de la République, la Charte de l'environnement nous devons cesser de concevoir l'écologie et la protection de l'environnement comme des freins au développement économique pour en faire les nouveaux moteurs de la recherche, de la croissance et de l'emploi de demain.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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