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E-learning : un identifiant pour tous les apprenants du monde

On connaît l'enjeu économique majeur du e-learning pour les toutes prochaines années. Divers chiffres circulent. Pour sa part, l'IDC évalue le marché à 23 milliards de dollars en 2004, contre 1,7 milliard en 1999, soit une augmentation annuelle de 70 % pendant cinq ans et met l'accent sur la présence grandissante de l'Europe dans ce développement, la part de marché de la zone européenne passant de 8 % à 17 %, tandis que celle des Etats-Unis reste stable, autour de 70%, le Japon étant le grand perdant dans cette évolution. Que la normalisation puisse aider les éditeurs européens de logiciels pédagogiques à trouver leur place dans ce paysage remodelé est l'évidence. On se réjouit que les deux organismes internationaux de normalisation, l'ISO (Organisation internationale de normalisation) et l'IEC (Commission internationale électronique), aient joint leurs efforts dans un comité commun pour couvrir l'ensemble des besoins de normalisation dans différents domaines, ce qui est fait par un nombre important de sous-comités, au nombre desquels le sous-comité 36 (SC 36) suit le dossier du e-learning. Par ailleurs, chaque organisme national compétent pour la normalisation peut créer un groupe miroir du sous-comité international, pour apporter sa contribution comme le fait en France la CN 36 de l'Afnor (Agence française de normalisation). Le travail technique est préparé, entre autres, par l'IEEE, (Institute of Electrical and Electronics Engineers), une association professionnelle américaine, vieille de bien plus d'un siècle, fédérant 36 associations, et regroupant 365 000 adhérents. La réputation de compétence technique de cette association, sur le plan mondial, est imposante et son poids est considérable dans le processus de normalisation. De quinze à vingt projets sont actuellement analysés par l'IEEE pour bâtir la norme dont aurait besoin l'e-learning. Parmi lesquels précisément le Simple Human Identifier, sur lequel s'est attardé le CN 36 de l'Afnor. Déjà, un identifiant simple à concevoir pour les fournisseurs et distributeurs des produits de l'e-learning et pour les apprenants n'est pas sans danger, car il peut être aussi facilement mémorisé par des personnes de l'entourage du titulaire ou du fournisseur. Et c'est alors la porte ouverte au vol d'identité. Mais là où les avantages de cet identifiant, tels qu'ils sont avancés par l'IEEE, parviennent encore moins à convaincre un Européen, c'est lorsqu'on lui assigne pour fonction de rassembler sur un même apprenant ses styles et ses préférences, en notant ses modes d'apprentissage, ses aptitudes physiques et cognitives, ses penchants culturels. Tout est en place pour enrichir ces données, avec ou sans le consentement des apprenants, les grandes bases de données comme Abacus ou Double Click, dont le négoce est si lucratif. Et il ne suffit pas, comme semble le penser l'IEEE, que l'identifiant (une chaîne de caractères alphanumériques) soit non signifiant, en s'abstenant de coder des données qui, comme le fait notre numéro de sécurité sociale, désignent nos sexe, date et lieu de naissance, et numéro du registre d'état-civil. Nous avons bien su, en France, gérer la scolarité de nos douze millions d'élèves sans le recours à un identifiant national. Un identifiant est une donnée sensible, sa mise en place nécessite un débat dans lequel le pouvoir politique a l'initiative et doit prendre parti. C'est sur ce motif que le CN 36 de l'Afnor mène croisade contre ce projet fou et tente de rallier à sa cause ses partenaires européens.

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