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Deux promesses dans un test sanguin

Quel rapport entre un foetus et une tumeur ? La question choque, tant l'un est signe de vie et l'autre source de mort. Pourtant, entre ces deux extrêmes, il y a un point commun. Bébés et tumeurs libèrent des cellules - et donc de l'ADN - dans le sang de ceux qui les portent. Ce matériel génétique constitue une mine d'informations sur les foetus et les tumeurs. Une mine accessible par une simple prise de sang... Son exploration pourrait-elle bouleverser le suivi des grossesses et la détection des cancers ? C'est la perspective ouverte par deux communications présentées la semaine dernière à Vienne, lors du 10e congrès international de génétique humaine. Une équipe française a annoncé qu'elle avait développé une technique permettant, en routine, de déterminer le sexe du foetus grâce à l'analyse du sang de la mère. Dennis Lo (université chinoise de Hong-kong), a pour sa part montré qu'il est possible de lire, dans le plasma maternel, d'autres informations précieuses sur l'hérédité de l'enfant : rhésus et maladies génétiques. En outre, ajoute-t-il, «cette même technique d'observation de l'ADN "étranger" circulant dans le sang devrait également permettre, à terme, de détecter les premières phases de certains cancers, à un stade où ils sont traitables». Afin de savoir si un enfant à naître est atteint d'un trouble génétique, il faut disposer de son ADN. Cela impose, aujourd'hui encore, de prélever des cellules foetales, in vivo, par un acte nécessairement invasif, non sans risques pour la mère ou l'enfant. L'accès à l'ADN du bébé via le sang de la mère promettait de faciliter considérablement les choses. Cette technique va permettre de détecter «Virtuellement tout ce qui est présent chez le bébé et qui est absent chez la mère.» Le gène de la masculinité mais aussi le facteur rhésus, dont la détermination précoce est parfois vitale. Et enfin certaines maladies dues à des mutations transmises éventuellement par le père. Comme la chorée de Huntington ou la maladie de Steinert. Mais ce nouveau test devrait surtout permettre de mieux dépister le cancer. Il existe une tumeur très fréquente en Asie, un cancer du nez et du pharynx, lié à la fois à un virus, à la consommation de certains poissons fumés et à un terrain génétique. Dépistée très tôt, elle est traitable. Après, elle est fatale. Si on réussit à isoler dans le sang circulant un ADN marqueur de cette tumeur, ce sera un progrès majeur pour l'Asie.

Libération :

http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20010522mary.html

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