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Edito : Deux ans après...

Le 15 Septembre 2001, dans les heures qui suivirent les attentats de New York et Washington, je vous adressais un éditorial que j'avais intitulé « Sachons garder la tête froide ». (voir lettre @RTFlash 160 http://www.tregouet.org/lettres/rtflashmail.asp?theLettre=174). Dans ce texte, j'écrivais alors : « Ces prochaines heures, ces prochains jours, ces prochains mois, ces prochaines années vont être déterminants pour l'avenir de notre Civilisation. Soit nous savons, avec calme et intelligence, dominer la situation et notre civilisation occidentale conservera son leadership mondial, soit nous dégainons comme un cow-boy blessé et alors, nous paierons très cher ce manque de sang-froid. Maintenant, alors que deux années se sont écoulées depuis ce jour funeste du 11 Septembre 2001, le temps est venu de faire un premier constat. Je pense que nous pouvons déjà l'affirmer sans risque de nous tromper, malheureusement : l'occident et plus particulièrement les Etats-Unis d'Amérique ont choisi la mauvaise voie. Dans un psychodrame savamment entretenu la Nation la plus puissante du Monde s'est vraiment comportée comme un vulgaire cow-boy lors de la conquête de l'Ouest. Si l'opération sur l'Afghanistan, bien que contreproductive dans cette région si éloignée de la culture occidentale, est excusable car c'est là que devaient être terrés, alors, les organisateurs de ces attentats sordides, par contre le gaspillage du crédit américain en Palestine et surtout en Irak a durablement altéré l'image de sympathie et de solidarité qui s'était spontanément formée autour de ce grand Peuple au lendemain du 11 Septembre. La récente réunion de Cancun a mis en évidence les dégâts. Pour la première fois dans l'Histoire, nous avons assisté à la formation d'un véritable front anti-occidental, l'Europe étant outrageusement liée aux Etats-Unis dans cette opprobre. Cette fronde qui semblait n'en être encore qu'à ses prémisses était menée par des Nations qui, demain, par leur poids démographique ou économique, telles la Chine ou le Brésil, seront amenées à jouer un rôle de premier plan dans le concert mondial. Dans les mois qui viennent de s'écouler, la France, et nous pouvons en être fiers, a été la seule Démocratie qui a su aussi bien à l'ONU qu'à Cancun proposer une voie différente. Malheureusement, notre voix ne porte plus assez loin pour être écoutée du reste du Monde, mais ne nous trompons pas, tous les gens de bon sens, surtout dans les pays les plus attentifs, ont entendu combien notre message était différent. Il suffit de se promener dans les rues des grandes villes du Japon depuis quelques semaines pour ressentir tout le crédit que notre Pays y a acquis. Malgré ces quelques bouffées d'optimisme il faut que nous ayons bien conscience de la situation dramatique dans laquelle se trouve l'Occident. Jamais la menace terroriste n'a été aussi importante. Ben Laden et Saddam Hussein contre lesquels la première puissance militaire du Monde a lancé des centaines de milliers de soldats semblent être toujours vivants et utilisent, avec une habileté démoniaque, les outils modernes de communication. Des dizaines de milliers de tags ou inscriptions plus discrètes dans les montées d'immeubles louent la gloire de Ben Laden et bientôt, peut-être, celle de Saddam Hussein dans les rues de Naplouse ou du Caire, mais aussi, pourquoi le cacher, dans certaines de nos banlieues. En Israël, en Irak, en Afghanistan, comme dans le reste du Monde, jamais ne pourra être trouvée une solution durable par l'affrontement, par la force. Le Monde attend, avec une impatience que notre Terre n'avait pas connue depuis bien longtemps, un message de Paix, un message d'intelligence. Dans un Monde où l'information circule dorénavant à la vitesse de la lumière, il n'est plus possible que les Pays les plus puissants et les plus riches s'enferment dans leur arrogance et leurs égoïsmes. Cancun nous a bien révélé que les pays les plus pauvres avaient fait d'énormes progrès sur la voie d'une entente qui leur permettrait de se faire mieux entendre par les pays les plus riches. Sachons tenir compte de leurs doléances avant qu'ils ne nous les imposent par leur union et leur nombre. L'humilité doit savoir remplacer notre arrogance. Nos égoïsmes doivent s'effacer devant une nécessaire solidarité. Si nous ne savions pas emprunter, sans retard, cette voie qui est éclairée par le bon sens et l'intelligence, il serait à craindre, malheureusement, que le 11 Septembre 2001 ne soit que le gong qui aurait sonné notre entrée dans une période terrible. Un peu comme Pearl Harbor nous a conduit jusqu'à Hiroshima.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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