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Détruire des tumeurs bénignes sans chirurgie ni anesthésie

Un appareil d'imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) couplé à des ultrasons est en train de révolutionner le traitement des fibromes utérins, ces tumeurs bénignes très fréquentes qui imposent une intervention à 70 000 femmes en France chaque année. Cette nouvelle technologie permet de détruire les fibromes, sans anesthésie, sans hospitalisation, sans chirurgie. Elle est d'ailleurs en train d'être évaluée pour d'autres pathologies, comme les métastases osseuses, les cancers du sein, du foie...

En France, pour l'instant, seul le centre hospitalier universitaire de Tours s'est doté d'un tel appareil baptisé ExAblate. Des discussions sont en cours avec l'Assistance publique des hôpitaux de Paris qui envisage de s'équiper au vu des dernières évaluations. Le bilan de cette technologie a été présenté en marge du congrès de l'Association franco-israélienne d'imagerie médicale (Afiim) qui vient de se tenir à Tel-Aviv, à l'hôpital Tel HaShomer.

Cette technique a été inventée par une jeune start-up israélienne InSightec basée à Haïfa, créée par des jeunes ingénieurs ayant travaillé dans l'armée sur les problématiques de géolocalisation et qui ont imaginé de coupler l'imagerie par IRM avec des ultrasons focalisés pour détruire les tumeurs sous contrôle permanent de la vision. «Ces scientifiques ont eu le culot de se lancer dans une technologie totalement innovante, ils ont pris de gros risques en terme d'investissement, avec des résultats vraiment intéressants», estime le professeur Frédéric Pata, chef du département ultrasons au CHU de Tours.

Les fibromes utérins sont des tumeurs bénignes de l'utérus, que l'on opère classiquement en cas de complications : saignements, compression, douleurs. Pour réduire le recours à la chirurgie, l'équipe israélienne a imaginé un dispositif innovant, permettant de détruire le fibrome par des ultrasons qui «cuisent» littéralement la tumeur.

Les patientes arrivent le matin, subissent une légère sédation, restent conscientes, subissent le traitement et rentrent chez elles dans l'après-midi. Concrètement, la patiente est allongée sur le ventre, la moitié inférieure du corps à l'intérieur d'un cylindre. «Nous envoyons sous contrôle permanent de l'image, une série de tirs d'ultrasons qui ne doivent atteindre que la tumeur et elle seule, explique le professeur Pata. Grâce à l'IRM, nous avons une cartographie permanente de la température des organes avoisinants et de la peau, ce qui nous permet un contrôle total. La patiente, si elle ressent la moindre sensation de brûlure, peut arrêter le tir, elle-même.»

À ce jour, l'hôpital de Tours a ainsi traité 63 patientes atteintes de fibromes, sans complications, sans effet secondaire et avec succès. Le protocole dure environ 3 heures, mais les chercheurs sont en train de réduire le temps d'intervention. Certaines tumeurs très volumineuses ou mal placées ne peuvent toutefois bénéficier de cette avancée.

Les inventeurs d'ExAblate ont lancé plus de 40 essais cliniques pour d'autres pathologies que le fibrome. Ainsi, plusieurs publications font état de résultats préliminaires intéressants dans la destruction des métastases osseuses douloureuses des patients atteints de cancer. «Nous avons traité un seul malade handicapé par ces douleurs et qui ne pouvait plus marcher, ajoute le professeur Pata, il a pu se lever à nouveau et se déplacer.

C'est une avancée, même si son cancer n'a pas été guéri.» Plusieurs dizaines de malades atteints de métastases osseuses ont déjà été traités. Des essais sont également en cours dans le cancer du sein, dans celui du foie et un protocole est envisagé dans les tumeurs du cerveau. Si la technique présente l'immense avantage d'être capable de cibler de manière très précise les ultrasons sur la tumeur, sans altérer les tissus environnants, il reste à démontrer que cette technique permet de détruire tout, absolument tout le tissu cancéreux.

Figaro

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