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Détecter presque instantanément bactéries et virus grâce à la microfluidique

Combien de maladies, génétiques, bactériologiques, virales ou autres, peut-on diagnostiquer à partir d'une seule goutte de sang ? «Des centaines», répond Michel G. Bergeron, professeur à l'Université Laval et directeur du centre de recherche en infectiologie (CRI). Le malheur, s'indigne l'infectiologue, c'est que le diagnostic est la forme de prévention la plus méconnue et la plus négligée par les gouvernements. «Ça n'a aucun sens ! Nous avons besoin d'une nouvelle médecine préventive», s'exclame-t-il. Cette nouvelle médecine, Michel G. Bergeron est d'ailleurs en train de l'inventer avec un projet révolutionnaire : utiliser la microfluidique pour diagnostiquer rapidement des infections bactériennes.

La technologie, conçue au sein de son groupe de recherche, est astucieusement simple : des microcanaux sont fabriqués sur un disque compact et orientés du centre vers l'extérieur, comme les rayons d'une roue de vélo. Il suffit de déposer une goutte de sang (ou d'autres fluides corporels) au centre du disque, d'appuyer sur «Play» et la force centrifuge se charge de faire glisser le liquide d'une extrémité du tube à l'autre. Dans les capillaires en rotation, les échantillons sont préparés chimiquement, puis exposés à des microbilles magnétiques dont la surface est conçue pour agripper exclusivement l'ADN des bactéries.

Le reste du sang (plasma, globules rouges et blancs, plaquettes, etc.) est évacué. En quelques minutes, l'analyse de cet ADN permet de connaître avec précision le nombre et le type de bactéries en présence. Soixante-dix types de bactéries sont responsables de 99 % des septicémies (infections du sang) et une cinquantaine de bactéries différentes causent la pneumonie, explique l'infectiologue. Sa technologie, qui possède une capacité de distinguer 150 types de microbes simultanément, permet donc de détecter toutes les bactéries se rapportant à une maladie sur un seul disque.

Désormais, les médecins qui soupçonnent leurs patients d'être atteints de septicémie pourront utiliser le CD correspondant à cette maladie pour en avoir le coeur net et prescrire les antibiotiques appropriés sur-le-champ. «Jusqu'à présent, il faut prélever un échantillon, l'envoyer au labo et les résultats n'arrivent que deux à trois jours plus tard, souligne-t-il. Le médecin doit donc choisir entre prescrire un antibiotique potentiellement inutile ou attendre les résultats des tests et risquer des complications.»

D'ici environ six mois, les premiers prototypes de «diagno-disques» du Dr Bergeron seront prêts à l'essai. Dès 2009, sa technologie devrait être disponible commercialement. Les diagnostics de maladies infectieuses pourront alors se faire sur-le-champ dans le bureau du médecin, en pharmacie, ou même chez les patients. «Ce sera une révolution culturelle médicale, explique-t-il. On passe d'une médecine d'hôpital à une médecine qui se fait au point de service. Imaginez le potentiel pour réduire les temps d'attente aux urgences !»

CP

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