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Découverte de « cellules caméléon »

Des cellules qui, de manière surprenante, changent d'identité pendant l'embryogénèse viennent d'être mises en évidence chez la drosophile par des chercheurs du CNRS et de l'Université de Nice. En étudiant ces « cellules caméléon » dans un modèle de cicatrisation, les scientifiques ont démontré qu'elles favorisent le relâchement de la tension tissulaire, permettant à l'épiderme de se souder parfaitement. Publiés le 8 juin dans PloS Biology, ces travaux révèlent comment les tissus s'adaptent lors de leur soudure pendant le développement embryonnaire. Ils pourraient ouvrir une nouvelle voie de recherche en médecine régénérative.

Les cellules qui composent les organismes multicellulaires ne sont pas identiques. Il en existe différents types : cellules de la peau, du foie, neurones... Issues de cellules « précurseurs » non spécialisées, ces cellules se spécialisent grâce au mécanisme de différenciation. De plus, pendant le développement embryonnaire, les cellules sont organisées en compartiments étanches qui s'avèrent essentiels à l'assemblage correct des organes . Au sein de ces compartiments, les cellules obéissent à deux règles : une fois différenciées, elles conservent cette identité qui leur est propre, et, les cellules d'un compartiment donné restent ensemble, ne se mélangeant jamais avec celles d'un autre compartiment.

Les chercheurs ont mené leur étude sur des embryons de drosophile pendant la « fermeture dorsale ». Au cours de cette étape clé de la morphogénèse chez la drosophile, deux épidermes se rencontrent et se referment. Ce phénomène de soudure tissulaire est semblable à la soudure d'une plaie après coupure, et représente donc un bon modèle de cicatrisation. En observant les embryons vivants au cours de la fermeture dorsale, les scientifiques ont remarqué un type de cellules qui brise les deux lois évoquées ci-dessus.

En effet, ces « cellules caméléon » sont capables de changer d'identité puis de compartiment, et ce dans des conditions normales de développement de l'embryon (sans blessure par exemple). Le changement d'identité ou plasticité cellulaire était déjà connu dans des cas pathologiques (régénération suite à une blessure ou une pathologie, etc), où le plus souvent, la re-différenciation de la cellule requiert une ou plusieurs divisions cellulaires.

Ici, la plasticité cellulaire se produit sans passer par cette étape. Les chercheurs ont démontré qu'elle était contrôlée par des gènes spécifiques qui interviennent également dans la régénération tissulaire de la drosophile adulte : il s'agit de la voie de signalisation JNK, qui existe aussi chez les vertébrés. Ce mécanisme de plasticité cellulaire génétiquement contrôlé est un comportement cellulaire unique, qui n'avait encore jamais été observé dans le développement embryonnaire.

CNRS

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