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Edito : De la consommation à la santé, les puces-radio vont envahir notre vie quotidienne

Le premier symposium EPC, qui marque le lancement officiel de l'Electronic Product Code Network, s'est ouvert le 16 septembre à Chicago.A cette occasion, le géant américain Verisign a présenté la première interface opérationnelle du réseau EPC, qui permettra à terme un suivi complet et en temps réel de chaque produit de sa fabrication à sa consommation finale. Ce système, qui prépare l'ère "après code barre", va permettre de suivre la trace de tous les produits équipés de puces RFID (Radio Frequency IDentification), ces étiquettes "intelligentes" à identifiant unique qui émettent des informations par ondes radio. Dans un laboratoire du Massachusetts, le Centre Auto ID, les plus grands entreprises américaines des secteurs de l'alimentation et de la distribution travaillent déjà sur le remplacement des codes-barres par les étiquettes intelligentes. Grâce à ces étiquettes, qui utilisent la technologie des puces-radio, il deviendra possible de connaître à tout moment le nombre et la position d'un article ou produit dans la chaîne de production. Il en résulterait un gain de temps pour les entreprises qui pourrait aller jusqu'à 40 %. Ces puces ont une taille inférieure à celle d'un grain de riz. Comme elles ne contiennent pas de source d'alimentation, elles ne sont, pour le moment, fonctionnelles que dans un rayon de moins de 1,50 mètre environ d'un récepteur. La technologie est opérationnelle mais il reste la question du coût : pas question en effet de dépasser les 5 centimes d'euros par étiquette pour rester rentable. Mais les avantages de ces étiquettes intelligentes ne s'arrêtent pas là. On peut en effet imaginer qu'elles pourraient permettre de supprimer les files d'attente aux caisses des supermarchés. Le contenu du chariot serait tout simplement scanné à la sortie du magasin et débité du compte du client. Une fois arrivé chez lui avec ses produits "intelligents", le consommateur pourrait en outre disposer d'informations, par l'intermédiaire de son frigo et de son micro-onde, sur la composition du produit, ses modes de cuisson et de conservation. Comme le souligne avec enthousiasme Kevin Ashton, directeur exécutif de l'Auto-Id Center, «depuis 50 ans, les ordinateurs dépendent des êtres humains pour obtenir de l'information. Cela va bientôt changer. Les ordinateurs seront désormais capables de sentir l'information autour d'eux, pour la première fois.» Pour Paul Saffo, directeur de l'Institute for the Future, un institut californien spécialisé dans les scénarios du futur, cette évolution vers une omniprésence des "puces" dans la vie de tous les jours va avoir un effet comparable à l'impact de l'arrivée des ordinateurs personnels dans les années 1980 ou d'Internet la décennie suivante. "Nous sommes au milieu d'un changement sur dix ans", a déclaré Paul Saffo lors d'un symposium international sur les semi-conducteurs organisé à Pebble Beach, en Californie. "Tous les dix ans, une nouvelle technologie apparaît et oriente la demande". A terme, ces puces-radio et autres capteurs intelligents devraient en effet révolutionner tous les domaines de notre vie quotidienne, comme les transports ou la santé. La société Gillette a annoncé au début de l'année que 500 millions de rasoirs de sa gamme Match 3 seraient équipés de microcomposants capables d'émettre des données et d'identifier individuellement chaque produit. Le fabricant italien de vêtements Benetton envisage également d'intégrer dans tous ses articles une micro-puce RFID. Michelin a prévu pour sa part d'implanter des puces dans chacune de ses roues pour transmettre des informations sur leur état (pression, usure...) par fréquence radio à l'ordinateur de bord. En matière de santé, ces puces-radio vont permettre une surveillance médicale et une prévention personnalisée et en temps réel des personnes. Aux Etats-Unis, on peut déjà acheter des tee-shirts électroniques capables de recueillir et de transmettre les données biologiques du porteur. En France, le laboratoire grenoblois TIM-C vise l'immense marché de la télémédecine pour les personnes âgées et développe un gilet intelligent capable de prévenir le médecin en cas de ralentissement ou d'accélération anormale du rythme cardiaque. Enfin, la puce implantable, qui relevait il y encore quelques années de la science-fiction, est en train de devenir réalité. La société américaine Applied Digital Solutions (ADS) commercialise déjà Verichip, une puce d'un cm de long qui s'implante sous le bras (voir article dans notre lettre 193 http://www.tregouet.org/lettres/rtflashmail.asp?theLettre=213#art2757). Il suffit alors de placer son bras sous un scanner dédié à cet effet et le médecin peut alors récupérer en une fraction de seconde tout le dossier médical du patient et gagner ainsi un temps précieux en cas d'accident ou de malaise. Il reste cependant à veiller à ce que cette nouvelle technologie prometteuse ne puisse pas porter atteinte à la vie privée des individus en transmettant à leur insu des informations les concernant. Sur ce point capital, les craintes sont loin d'être dissipées mais des solutions techniques sont à l'étude et devraient permettre d'informer automatiquement le consommateur de la présence de ces puces.

D'ici la fin de cette décennie, il est probable que cette nouvelle technologie, presque invisible et peu coûteuse, sera présente dans tous les objets de notre vie quotidienne et rendra, sans même que nous nous en apercevions, leur usage plus agréable, plus facile et plus sûr.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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