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Congrès de l'ASCO : la lutte contre le cancer franchit une nouvelle étape grâce aux médicaments ciblés

Le 41e congrès annuel de l'ASC0, la plus importante association de ce type dans le monde pour les recherches cliniques sur le cancer, vient d'avoir lieu du 13 au 17 mai à Orlando et a rassemblé 25.000 cancérologues du monde entier.

Les traitements anti-cancéreux expérimentaux présentés à l'occasion de ce grand colloque de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) marquent le début d'une nouvelle génération de médicaments."La thérapie ciblée est vraiment une réalité clinique", a déclaré le Dr. Roy Herbst de l'Université du Texas lors d'une conférence de presse de présentation du congrès, qualifiant cette nouvelle catégorie de médicaments "de bombes intelligentes contre le cancer".

"Depuis environ un an, il y a beaucoup plus d'options de traitements ciblés mais aucun n'a encore été autorisé par la FDA (les autorités américaines de réglementation des médicaments)", a ajouté le Dr. Brian Rini, chercheur de l'université de Californie, en exprimant l'espoir que ces thérapies pourront bientôt être commercialisées. Il a lui-même présenté les résultats d'une étude conduite sur 52 malades atteints d'un cancer avancé des reins avec un médicament expérimental "multi-cibles" des laboratoires Pfizer, baptisé AG-013736. Environ 40 % des patients de ce groupe ont enregistré une réduction de leur tumeur, contre un sur dix avec des traitements traditionnels. Plusieurs des malades traités avec l'AG-013736 ont vu leur vie se prolonger au-delà d'un an, beaucoup plus que ce qu'ils pouvaient espérer. Ce médicament bloque à la fois la formation des vaisseaux sanguins permettant aux cellules cancéreuses de recevoir de l'oxygène et de se nourrir ainsi que le mécanisme moléculaire indispensable à leur croissance et propagation.

Cancers du rein et de l'estomac : de nouveaux médicaments ciblés se montrent prometteurs

Au cours de ce congrès, le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé que son médicament expérimental Sutent a doublé le temps de survie de malades atteints d'un type de cancer de l'estomac avancé et réduit leur tumeur, selon les résultats d'un essai clinique. Cet essai, conduit sur 300 malades souffrant de tumeurs malignes gastro-intestinales devenues résistantes au Gleevec, un traitement du groupe Novartis, est le dernier avant que Pfizer ne demande à la FDA, l'autorité fédérale américaine de réglementation, le feu vert pour commercialiser le Sutent (sunitinib malate). La demande d'évaluation de ce médicament devrait être faite avant la fin de l'année, a indiqué Pfizer.

Les résultats de cet essai clinique, dévoilés ce week-end à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), ont montré que le Sutent a bloqué pendant 6,3 mois la progression des tumeurs et augmenté la survie des malades d'environ 50 % comparativement à ceux traités avec un placebo. Des essais cliniques, dits phase II, ont également donné des résultats encourageants pour le Sutent avec des cancers avancés des reins, du sein et des tumeurs neuroendocrines ayant fait des métastases, selon les études également présentées à Orlando (Floride).

Sutent est une molécule hautement sélective, qui frappe simultanément plusieurs mécanismes clé du développement du cancer. Elle bloque la formation des vaisseaux sanguins nourrissant la tumeur et bloque les signaux permettant aux cellules cancéreuses de se reproduire. "Ces résultats confortent le concept de thérapie moléculaire multi-ciblées qui peut venir à bout de la résistance de ces cancers à d'autres traitements", a souligné dans le même communiqué le docteur George Demetri, de l'institut du cancer de l'université d'Harvard (Massachusetts, est), principal chercheur évaluant cet essai clinique. "Nous pensons que Sutent est une importante avancée dans la thérapie du cancer", a-t-il ajouté.

Cancer du poumon avancé : des progrès grâce à l'avastin

Autre avancée : une combinaison d'Avastin (Bevacizumab) produit par la firme Genentech, filiale du groupe suisse Roche, a prolongé de 40 % la vie de malades souffrant de cancer avancé des poumons, selon une étude présentée à Orlando à l'ouverture de la conférence. "C'est la première fois qu'un essai clinique montre qu'il est possible de prolonger la vie de cancéreux à un stade avancé en ajoutant un agent anti-tumeur spécifique à de la chimiothérapie", a déclaré le Dr. Alan Sandler, professeur de Médecine à l'université Vanderbilt (Tennessee, sud). L'Avastine agit en bloquant le développement des vaisseaux sanguins qui alimentent les tumeurs.

Deux autres essais cliniques étendus ont montré qu'une combinaison d'Herceptine (trastuzumab) et de chimiothérapie après ablation chirurgicale de la tumeur, permet de réduire de moitié la récurrence de certains cancers du sein. L'Herceptine, aussi développée par Genentech, est un anticorps inhibant l'activation d'un récepteur de protéine à la surface de la cellule. Ce médicament a toutefois provoqué des accidents cardio-vasculaires chez 3 à 4 % des femmes.

Lutte contre le tabac : un vaccin anti-nicotine

Du côté de la lutte contre le tabac, un vaccin expérimental anti-nicotine a donné des résultats encourageants. Conduite par des chercheurs suisses, l'étude a été présentée ce week-end au congrès de l'ASCO. Près de 60 % des 341 fumeurs ayant participé à cet essai clinique et qui ont obtenu un niveau élevé d'anticorps neutralisant la nicotine après avoir eu des injections du vaccin, ont cessé de fumer pendant au moins six mois, a expliqué le Dr. Jacques Cornuz du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois à Lausanne qui a mené cette recherche. Environ un tiers dans ce groupe, dont les niveaux d'anticorps étaient plus faibles, ont aussi arrêté de fumer mais cette proportion est équivalente à ceux vaccinés avec un placebo.

Les deux-tiers des fumeurs dans cette étude ont reçu cinq doses du vaccin de différente teneur au cours d'une période de quatre mois et un tiers a été vacciné avec un placebo. Sur l'ensemble du groupe, 239 n'ont pas utilisé de timbre ou de pâte à mâcher contenant des substances de remplacement de la nicotine pendant l'étude. Le vaccin est basé sur le principe des bactériophages, des virus qui attaquent les bactéries. Les bactériophages contenus dans le vaccin s'attachent à la nicotine et la neutralisent avant qu'elle ne puisse atteindre et stimuler le cerveau, a expliqué le Dr. Cornuz. Ce vaccin a été mis au point par la société suisse de biotechnologie Cytos Biotechnology AG. Celle-ci prévoit de procéder à des essais cliniques plus étendus dits de phase III pour démontrer l'innocuité et l'efficacité de ce vaccin qu'elle espère pouvoir commercialiser en 2010. Au moins trois autres firmes ont mis au point des vaccins expérimentaux anti-nicotine. Il s'agit de Xenova Group en Grande-Bretagne, de Nabi Biopharmaceuticals à Boca Raton en Floride et de Prommune à Omaha dans le Nebraska (nord ouest des Etats-Unis). Le monde compte 1,3 milliards de fumeurs dont une grande partie se trouvent en Chine. Le tabac est responsable de 30 % de tous les décès par cancers et de 87 % des morts résultant du cancer du poumon, le plus fréquent.

Enfin, en matière de prévention, l'aspirine réduirait de 50 % les risques de rechute et de décès après ablation d'une tumeur cancéreuse du colon, selon une étude présentée à l'occasion du congrès annuel de l'ASCO, aux Etats-Unis.

Des effets positifs ont également été constatés pour diminuer la réapparition du cancer du colon avec les anti-inflammatoires de type COX-2, le Celebrex et le Vioxx. Des chercheurs ont suivi pendant deux ans et demi 830 malades atteints d'un cancer avancé (phase 3) du colon dont ils ont été opérés. Après leur opération ils ont aussi suivi un traitement de chimiothérapie. Près de 9 % de ces malades ont pris pendant la durée de l'étude de 81 à 325 milligrammes d'aspirine quotidiennement tandis que 4,3 % ont régulièrement absorbé du Celebrex ou du Vioxx. Après deux ans et demi, les risques de rechute du cancer et de décès ont diminué respectivement de 55 % et 48 % dans le groupe ayant pris de l'aspirine, a précisé le Dr Charles Fuchs, qui a dirigé cette recherche, lors d'une conférence de l'Américain Society of Clinical Oncology (ASCO) à Orlando (Floride, sud-est).

Pour ceux ayant pris du Celebrex ou du Vioxx, les risques ont diminué de 44 %.

Des études précédentes sur des animaux et des humains avaient déjà montré que l'absorption régulière d'aspirine faisait baisser les risques de développer des polypes bénins et des tumeurs cancéreuses dans le colon, a rappelé ce cancérologue. Le Vioxx a été retiré du marché par son fabricant en raison des risques cardio-vasculaires importants qu'il présentait. Le Celebrex fait l'objet de mises en garde pour les mêmes raisons.

Les cancérologues insistent aussi sur le fait que le plein succès de ces thérapies dépendra de techniques de diagnostic plus sophistiquées pour détecter les cellules cancéreuses aux premiers stades de formation.Les prochaines années verront la mise au point de petites sondes fluorescentes permettant de voir de minuscules formations de cellules pré-cancéreuses, ont prédit des chercheurs à Orlando. Les techniques actuelles d'imagerie (mammographie, résonnance magnétique et tomodensitométrie, ainsi que le marqueur sanguin PSA pour le cancer de la prostate) ont montré l'importance de la détection précoce pour réduire la mortalité.

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