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Compact Disc : la guerre de succession

En audio, la technologie change tous les quarts de siècle environ. Ce fut à peu près la durée de vie du 78 tours, puis du microsillon. Le CD est certes inusable, ce dont ses prédécesseurs ne peuvent se prévaloir, mais cet avantage n'est pas suffisant pour assurer sa pérennité face aux atouts supplémentaires des nouveaux supports.Premier d'entre eux : le Super Audio Compact Disc (SACD), fruit de l'association entre Sony et Philips. Il utilise un système de codage numérique inédit, appelé DSD (« one bit » avec une fréquence d'échantillonnage de 2,8 MHz), permettant une analyse plus fine du signal, donc un plus grand stockage d'informations sur le disque et une meilleure définition sonore. L'utilisateur aura par ailleurs le choix entre une écoute en stéréo ou en multicanal (5 canaux). Défendu par un consortium de constructeurs parmi lesquels Panasonic et Pioneer, le DVD audio est le deuxième support briguant la succession du CD. Il offre lui aussi une plus grande précision d'analyse du signal et le son multicanal, mais avec une technologie différente. Ici, le système de codage des données est le même que celui du compact (dit « PCM linéaire »). En revanche, la résolution et la fréquence d'échantillonnage passent respectivement de 16 bits à 24 bits et de 44,1 kHz à 192 kHz. Finalement, ses prestations sonores sont proches de celles du SACD. L'indiscutable supériorité affichée par ces deux formats sur le Compact Disc ne garantit pas leur succès commercial. La technique est une chose, la loi du marché une autre. Or jamais deux supports vidéo ou audio grand public n'ont pu cohabiter (sauf pour les caméscopes). Le magnétoscope VHS de JVC a écrasé ses adversaires de l'époque, le V 2000 et le Bétacam. Plus près de nous, au début des années 90, la bataille entre le Minidisc et la DCC s'est soldée par la disparition rapide de cette dernière. Une pareille guerre des standards semble inévitable entre le SACD et le DVD audio. Nul ne peut en prédire la durée et l'issue. Une chose est sûre : cette situation confuse entretiendra l'attentisme des consommateurs. Pour les convaincre, chaque camp va se livrer à une course contre la montre et une surenchère d'arguments. A ce petit jeu, Sony et Philips ont pris une longueur d'avance. Deux lecteurs de SACD sont d'ores et déjà disponibles. Leur prix est élevé (35.000 et 20.000 francs), mais ils seront rejoints par un modèle plus accessible (on parle de 6.000 francs) dans le courant de l'été. Leurs concepteurs estiment qu'en plus d'une meilleure qualité de son, ils ont pour avantage clef une double compatibilité. Ces machines peuvent lire les compacts, et les disques SACD comportent une deuxième couche lisible par n'importe quelle platine CD (mais sans le bénéfice de la haute définition). Disponible à la rentrée, le DVD audio n'offrira pas une compatibilité si poussée. Ses partisans misent plutôt sur une synergie avec le DVD vidéo, dont la popularité est croissante. Les futurs lecteurs seront par conséquent universels : ils liront les CD ainsi que les DVD vidéo et audio. Ils combleront aussi bien les cinéphiles que les passionnés de musique épris de perfection sonore.

Les Echos : http://www.lesechos.fr/club/hightech/hig_2505_1.htm

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