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La Commission veut doubler le budget de l'Union consacré à la recherche

La Commission européenne compte demander à la fin janvier aux Etats-membres de doubler le budget communautaire consacré à la recherche dans l'Union élargie. Les crédits européens pourraient passer de 5 milliards d'euros actuellement à plus de 10 milliards d'euros au début de la prochaine décennie. "J'ai demandé à ce que le budget soit doublé", explique au Monde le commissaire à la recherche, Philippe Busquin, qui bénéficie du soutien du président de la Commission Romano Prodi. Cette somme représenterait 10 % de la recherche publique en Europe et permettrait au budget de l'Union d'atteindre une masse critique. Le niveau précis des crédits dépendra de l'enveloppe globale dont bénéficiera le budget de l'Union élargie sur la période 2007-2013. Si, comme une majorité de commissaires le souhaite, cette enveloppe s'établit à 1,24 % du produit intérieur brut (PIB) européen, les crédits alloués à la recherche pourraient atteindre 13,7 milliards d'euros en 2011, selon des simulations internes de la Commission. Ce plafond sera très difficile à atteindre, six Etats membres (Allemagne, France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Suède, Autriche) ayant fait savoir en décembre dernier à la Commission qu'ils entendaient limiter le budget de l'Union élargie à son niveau actuel de 1 % du PIB. Même dans ce scénario restrictif, la Commission entend donner la priorité à la recherche, dont les crédits atteindraient 9 milliards d'euros par an en 2011. Cette stratégie se fonde sur un constat simple : l'Europe souffre avant tout d'un déficit de croissance et la solution passe par un effort considérable en matière de recherche et d'innovation. Les Européens se sont fixés pour objectif au Conseil européen de Barcelone, en mars 2002, de rattraper les Etats- Unis et le Japon en consacrant 3 % de leur PIB à la recherche et au développement d'ici à 2010, pour 1,9 % actuellement. "Notre objectif, c'est 1 % de recherche publique et 2 % de recherche privée", résume M. Busquin, alors que le niveau actuel est de 0,75 % pour le public et 1,15 % pour le privé. Pour atteindre l'objectif de Barcelone, il faudrait augmenter l'effort de recherche de 8 % par an - 6 % pour le public et 9 % pour le privé. La situation est très contrastée en Europe. La France est apparemment très bien lotie, puisqu'elle consacre 1,03 % de son PIB à la recherche publique, ce qui la met en première position en Europe et au même niveau que les Etats-Unis. Toutefois, tempère M. Busquin, "la recherche française est très concentrée dans quelques domaines comme le nucléaire et l'espace. De plus, les 2 % du privé ne sont pas là. Il faut inciter les entreprises à faire beaucoup plus de recherche et d'innovation". Selon M. Busquin, les Allemands "ont une situation fondamentalement meilleure au départ, car ils ont beaucoup plus d'entreprises qui font de la recherche, que ce soit dans les matériaux, la microélectronique, les lasers et ont une bonne interface entre les entreprises et la recherche". Sans surprise, "les Scandinaves sont très dynamiques, les Britanniques se rattrapent après un passage à vide dans les années 1990", explique-t-il. Les Européens peinent à créer un véritable espace européen et souffrent de l'atomisation de leur recherche et de sa faible visibilité. Ainsi, raconte M. Busquin, ils étaient en avance lorsqu'ils sont parvenus à décrypter en premier le génome de la levure. "Mais quand on est passé au génome humain, les Européens ont été incapables de s'organiser, pour se donner ensemble une masse critique et ce sont les Américains qui ont fait ce décodage à 80 %."

Le Monde :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-348786,0.html

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