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Le coeur se livre au scanner du futur

L'anneau de 250 kilos tourne sur son axe vertical autour de la table d'examen qui la traverse : le technicien, dans ce sous-sol du centre cardiologique du nord à Saint-Denis, en banlieue parisienne, a ôté le capot pour mieux exposer les entrailles du scanner volumique. A raison d'un tour tous les trente-cinq centièmes de seconde, l'ensemble source-détecteur rugit comme un réacteur. La nouvelle machine, un scanner cardiaque «vitesse de la lumière», est capable de faire le tour complet d'un coeur en moins de cinq secondes et délivre des images d'une précision inégalée jusqu'ici.

Ce scanner, construit par General Electric Medical Systems, division du géant américain GE, qui fabrique également des réacteurs d'Airbus, fait partie de quelques rares «ovnis» radiologiques actuellement en fonctionnement dans notre pays, que Siemens, Philips, Toshiba souhaiteraient voir promis à un grand avenir. Ces tomographes sont si rapides, leur vitesse d'acquisition des tranches de coeur si grande, qu'ils dépassent en performances et en précision tout ce qui était connu jusqu'ici. En effet, le problème d'un organe comme le coeur, c'est qu'il se contracte et se dilate sans cesse, ce qui rend parfois floues les images traditionnelles.

Jusqu'à présent, au moindre doute sur un syndrome douloureux thoracique, les médecins n'avaient pas d'autre choix que de proposer à la personne une coronarographie. Cet examen long, risqué, douloureux et angoissant, était le seul qui permettait de voir en temps réel la contraction du coeur, la perméabilité des artères coronaires, l'ouverture et la fermeture des valves. Les diagnostics et la gravité des infarctus du myocarde ou des maladies coronaires ne pouvaient être portés avec certitude qu'avec ces coronarographies. Mais l'injection de produits iodés dans les artères et la délivrance de doses de rayons X, indispensables dans cet examen, est également prescrite inutilement à des patients ayant une embolie pulmonaire, une déchirure musculaire thoracique ou une pleurésie, quantités de syndromes douloureux thoraciques dits atypiques. Sans parler du fait que la coronarographie tue en moyenne 3,5 % des sujets ayant une sténose du tronc coronaire commun, et dix fois plus quand cette artère a un diamètre réduit de moitié.

La reconstruction à partir des données obtenues par le nouveau scanner permet la mise à disposition d'images du coeur en trois dimensions. Le cardiologue peut faire une sorte d'endoscopie virtuelle en cheminant à l'intérieur des artères coronaires (dont le diamètre ne dépasse pas 4 millimètres) et voir les plaques d'athérome, contrôler la position et la perméabilité des stents (petits tubes) introduits dans ces artères pour les dilater. Les militaires ont compris immédiatement l'intérêt d'un scanner : le centre de Marie Lannelongue, au Plessis-Robinson, s'est vu confier l'exploration des coronaires des pilotes de chasse en activité et en fin de carrière par l'armée de l'air.

Autres avantages du scanner cardiaque, il ne nécessite pas d'hospitalisation ; et en cas d'urgence, on peut effectuer avec le même appareil un passage du corps entier en dix secondes (et faire aussi bien le diagnostic de fractures que de lésions internes organiques) ; l'examen, non facturé actuellement en France, coûte six fois moins cher qu'une angiographie coronaire.

Figaro

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