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Le chloroforme n'a plus de secret

En 1846, l'Américain William Morton utilisait pour la première fois l'éther comme anesthésique. Depuis, ce domaine a fait d'énorme progrès et l'éther, comme le chloroforme, ont été remplacés par des composés fluorés beaucoup plus efficaces et surtout mieux tolérés. Néanmoins, si leur utilisation s'est largement répandue, la compréhension de leurs mécanismes d'action est demeurée sommaire. Jusqu'à aujourd'hui... Une équipe française vient en effet de mettre en évidence leur cible : des canaux à potassium exprimés dans les cellules du système nerveux central. En clonant et en exprimant les canaux ioniques perméables au potassium, les chercheurs de l'Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (CNRS, Sophia-Antipolis) ont récemment identifié une nouvelle famille de ces canaux chez les mammifères. Constitués d'un pore à deux domaines en tandem et de quatre segments transmembranaires, deux d'entre eux, TREK-1 et TASK, ont montré une activité électrique similaire à celle induite par les agents anesthésiques. "Nous avions le sentiment qu'une molécule capable de provoquer une perte de conscience, d'effacer la mémoire et myorelaxante devait induire une perte d'excitabilité des neurones du système nerveux central, explique Michel Lazdunski, directeur de l'Institut. Or, cette excitabilité dépend de la balance entre les canaux activateurs et inhibiteurs, comme ceux à potassium." Les expériences ont révélé qu'en ouvrant ces canaux, le chloroforme, l'éther, l'halothane et l'isoflurane hyperpolarisent les cellules nerveuses et freinent la génération des potentiels d'action, donc la communication entre neurones. "Il est important que, 150 ans après la découverte des anesthésiques volatiles, nous comprenions enfin comment ils fonctionnent", ajoute Michel Lazdunski. Outre un formidable pas en avant en recherche fondamentale, ces travaux constituent également la promesse de voir naître de nouvelles molécules encore plus efficaces et surtout dénuées des effets secondaires cardiovasculaires et respiratoires propres aux produits actuels. "Il serait également intéressant de connaître l'implication de ces canaux dans le coma ou dans les mécanismes de la mémoire ; les anesthésiques mimant le premier et effaçant la seconde", conclut Michel Lazdunski.

Info Science http://www.infoscience.fr/index.phtml

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