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Des chercheurs italiens ont créé des souris qui vivent plus longtemps

En cette fin de XXème siècle, les généticiens sont-ils sur le point d'entrouvrir les portes de l'immortalité ? Un groupe de biologistes italiens annonce, dans le dernier numéro de l'hebdomadaire scientifique britannique Nature daté du 18 novembre, avoir réussi à créer, par manipulations génétiques, une lignée de souris dotées d'une espérance de vie de 30% supérieure à celle de leurs congénères. C'est la première fois que l'on parvient à un tel résultat chez des mammifères et que l'on identifie l'une des clés physiologiques permettant de comprendre les raisons de la longévité de tel ou tel individu. Jusqu'à présent, en effet, les bases moléculaires du vieillissement n'avaient pu être décryptées que chez certains invertébrés. On avait ainsi, il y a peu, découvert plusieurs classes de gènes dont l'action influe sur la longévité chez la mouche Drosophila melanogaster (ou mouche du vinaigre, célèbre pour avoir permis les premières études des chromosomes) et Caenorhabditis elegans, un ver dont on connaît depuis quelques mois la totalité du patrimoine héréditaire. Les chercheurs spécialisés dans ce qui constitue l'un des plus passionnants domaines de la biologie moléculaire avaient ainsi découvert que ce sont certains fragments du génome impliqués dans les rythmes biologiques qui, lorsqu'on modifie leur structure, permettent à certains vers, d'apparence totalement normale, de vivre plus longtemps que les vers sauvages. L'allongement anormal de l'espérance de vie résulterait, en d'autres termes, d'une sorte de dérèglement de l'horloge physiologique présente dans tous les organismes vivants. Les chercheurs italiens de l'institut d'oncologie expérimentale de Milan, dirigés par le professeur Pier Giuseppe Pelicci, vont aujourd'hui beaucoup plus loin dans cette quête de l'immortalité. Ils expliquent, dans les colonnes de Nature, que c'est en jouant sur les mécanismes du " stress oxydatif " qu'ils ont réussi à créer cette nouvelle lignée de souris Mathusalem. Plus précisément, ils ont obtenu ce résultat en ôtant du patrimoine génétique de ce rongeur un gène impliqué dans la production de " radicaux libres ", dérivés toxiques de l'oxygène qui jouent un rôle essentiel dans le vieillissement de tous les organismes vivants. Cette manipulation génétique permet aux animaux privés de ce gène d'être artificiellement dotés de mécanismes cellulaires de défense aux phénomènes d'oxydation notablement plus efficaces que les mécanismes naturellement présents chez les souris sauvages. C'est la première fois que l'on parvient à un tel résultat chez un mammifère et c'est aussi la première fois que l'on fournit cette démonstration à partir de la modification d'un seul gène. Les chercheurs italiens expliquent en outre que, contrairement à ce que l'on pouvait craindre, ces animaux ont une morphologie et un poids normaux et, surtout, que leurs fonctions de reproduction ne sont nullement altérées. Ce qui, en bonne logique, laisse supposer que cette longévité anormalement élevée pourra, à l'avenir, être transmise par voie héréditaire et qu'une telle approche pourrait, un jour prochain, trouver des applications dans l'espèce humaine.

Le Monde : http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2253-31298-QUO,00.html

http://www.nature.com/

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