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Cancer : Vers un traitement personnalisé

Si, à l'avenir, vous êtes atteint d'un cancer, il est fort possible que certaines de vos cellules atteintes, et même - plus petit - leur matériel génétique, soient "déposés à la banque". Le but n'est pas de les faire fructifier, mais de les analyser de façon tellement détaillée qu'il sera possible de prescrire un traitement "à la carte", tenant compte du génome et de ses éventuelles mutations, et aussi des protéines contenues dans la cellule cancéreuse prélevée sur tel ou tel malade. Avec la pharmacogénomique, les spécialistes vont affiner leur approche de la maladie en dressant et en étudiant ce qu'ils appellent la "carte d'identité moléculaire" de chaque tumeur. Le Professeur Michel Marty, directeur de la recherche thérapeutique à l'Institut Gustave-Roussy, précise l'intérêt que peuvent avoir les banques de tissus et d'acides nucléiques en cancérologie : "Jusqu'à présent, nous cernons le pronostic d'une tumeur en tenant compte de son volume, du nombre de ganglions envahis, de son type histologique, de l'absence ou de la présence de métastases. Nos stratégies thérapeutiques sont plus ou moins agressives en fonction de ces données. Mais il arrive que le pronostic se révèle erroné, ce qui démontre que des paramètres restent inconnus. Là interviennent les banques de cellules." Relèvent-elles de la recherche ou sont-elles déjà utilisées en pratique ? "Les deux. Pour le moment, c'est essentiellement de la recherche, mais à la vitesse où vont les choses, on peut tout à fait imaginer que ce soit applicable dans très peu de temps." Cinq ans ? "Moins que ça", espère-t-il. Les explorations effectuées sur le matériel mis à la banque mettent à profit tout ce que la génétique et les techniques d'analyse moléculaire à grande échelle ont compté récemment comme progrès. Il s'agit en somme de pousser l'étude des cancers et des cellules cancéreuses plus loin que le permettent l'examen clinique du malade et le microscope. Le progrès représenté par ces investigations s'inscrit en réalité dans un continuum. L'analyse des récepteurs hormonaux dans les cancers du sein, par exemple, est une exploration entrée dans la pratique depuis vingt ans ; leur présence ou leur absence est un paramètre maintenant toujours pris en compte pour le choix du traitement préventif des récidives. La culture des cellules cancéreuses est encore plus ancienne, puisqu'elle date de près de cinquante ans. La nouveauté, avec ces banques, tient à au moins deux particularités. En premier lieu, au fait que de grands organismes de recherche collectent de larges échantillonnages de toutes les tumeurs, quels que soient leur localisation et le type de tissu auquel elles appartiennent (leur type histologique). Retombées : les chercheurs et les cliniciens disposent ainsi des "empreintes moléculaires" des cellules sensibles et des cellules résistantes à tel et tel médicament. En second lieu, les banques et leurs succursales sont, et seront, de plus en plus nombreuses à être annexées aux centres de traitement. Elles vont se multiplier, de sorte qu'il sera toujours et partout possible d'étudier les échantillons déposés, et cela tout au long de l'évolution de la maladie.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/

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