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Cancer de la prostate : une possible origine virale

Découverte pour le moins surprenante, un virus a été décelé chez plusieurs hommes atteints du cancer de la prostate. Il s'apparenterait à un virus qui cause la leucémie chez les souris. Les chercheurs de l'Université de Californie et de la Cleveland Clinic qui sont derrière cette découverte ne vont pas jusqu'à affirmer que ce virus, baptisé XMRV, cause le cancer de la prostate. Ils font toutefois remarquer que le virus du papillome humain est responsable du cancer du col de l'utérus et que des virus ont aussi été mis en cause dans l'apparition de certains cancers du foie, de l'estomac et du sein.

Ce virus, très proche d'un agent pathogène trouvé exclusivement chez la souris, a été décelé dans des prostates prélevées chez des hommes possédant des anomalies génétiques particulières. Les chercheurs, qui précisent qu'aucun lien n'a été établi entre le virus et le cancer, se sont toutefois félicités de la nouvelle voie de recherche qu'ouvre cette découverte. "C'est très excitant", a déclaré le Dr Eric Klein, de la clinique Cleveland, qui présentait ses travaux lors d'une réunion de la Société américaine d'oncologie clinique à San Francisco. "Cela donne à penser que le cancer de la prostate pourrait être causé par une maladie infectieuse", a-t-il expliqué.

Les maladies infectieuses d'origine virale sont déjà responsables de certains cancers, notamment du foie et du col de l'utérus. Pour les experts, certaines maladies pourraient jouer un rôle important dans la survenue de certains cancers, du sein et de l'estomac notamment, aux côtés de la génétique et de l'environnement. "Personne n'avait pensé aux virus dans le cas du cancer de la prostate", a pour sa part observé Joe DeRisi, de l'Université de Californie, concepteur de la puce génétique qui a permis de faire cette découverte. La puce de DeRisi contient 20.000 morceaux de matériel génétique provenant de chaque virus connu. Cette même sonde avait permis d'identifier un virus impliqué dans le syndrome respiratoire aigu respiratoire (SRAS), à l'origine de l'épidémie il y a trois ans.

Fort de ce succès, le Dr Klein a envoyé à Joe DeRisi les échantillons de 86 cancers de la prostate prélevés à des patients. DeRisi a ensuite placé de l'ADN des tissus cancéreux sur la sonde, et l'ADN de huit des 20 patients, qui avaient deux copies d'un gène muté, correspondait à l'ADN provenant du virus murin. A l'état normal, ce gène code pour une enzyme aidant à la destruction des virus envahissants. Les hommes qui possèdent la version mutée du gène produisent ces enzymes en plus petite quantité que ceux dotés d'une version normale.

Le virus n'a ensuite été découvert que chez un seul des 66 autres patients, suggérant que la génétique joue un rôle significatif dans le lien entre virus et cancer. Les chercheurs ont indiqué qu'ils allaient maintenant analyser des centaines d'autres patients atteints de cancer de la prostate et mettre au point un outil de mesure pour dépister le virus dans le sang. Les chercheurs veulent aussi déterminer comment le virus se répand dans l'organisme, et si c'est spécifique à la prostate. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent et la deuxième cause de décès parmi les hommes de plus de 50 ans.

CC

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