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Cancer du poumon : l'espoir des traitements ciblés

Le traitement du cancer avancé du poumon est en train d'amorcer un virage fondamental, si l'on en croit les spécialistes, réunis le mois dernier pour un colloque organisé à Paris par l'Intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT) à l'initiative de son président, le Dr Bernard Milleron. «Depuis la découverte de la chimiothérapie par sels de platine au milieu des années 1970, nous avions peu de moyens d'attaquer ce cancer, témoigne le Pr Jacques Cadranel, organisateur du colloque, mais depuis quelques années, nous assistons à une véritable révolution thérapeutique.»

La nouveauté est venue d'une meilleure connaissance de la biologie des cellules cancéreuses. Ce qui a permis de découvrir des biomarqueurs spécifiques dans certaines formes et d'y répondre par des traitements ciblés. L'idée est d'identifier les caractéristiques propres à chaque tumeur pour leur offrir une thérapeutique spécifique.

Un exemple phare de biomarqueur est celui du REGF, le récepteur au facteur de croissance épidermique. La mutation du gène dans certaines tumeurs du poumon les rendent encore plus sensibles à des médicaments déjà connus, tels que l'Iressa du laboratoire AstraZeneca ou le Tarceva du laboratoire Roche. Ces produits, conçus pour cibler ce récepteur, appartiennent à la classe des inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI).

L'étude française Ermetic a ainsi confirmé l'intérêt de cette approche chez plus de 500 patients qui avaient déjà reçu une ou plusieurs chimiothérapies. Elle a montré que le nombre de patients en vie plus de 21 mois après le diagnostic était multiplié par 3 à condition que leur tumeur porte la mutation du REGF. «Pour la première fois en France, précise Jacques Cadranel, de l'hôpital Tenon à Paris, des patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules avancé ont pu bénéficier en routine d'un test génétique de leur cancer avec à la clé un traitement adapté.»

En outre, deux vastes études cliniques réalisées à l'étranger et publiées en 2009 ont montré que ces TKI donnaient de meilleurs résultats que la chimiothérapie en première intention. «Dans ces études, le nouveau traitement, s'il n'a pas guéri les malades, a cependant permis de doubler leur espérance de vie», confirme Jacques Cadranel.

Fin janvier, l'Iressa est devenu disponible en pharmacie pour cette indication et ce type de malade. En octobre, l'Inca a débloqué 1,5 million d'euros pour financer le test du gène du REGF de 10 000 patients chaque année. Cet examen sur biopsie sera effectué chez les malades dont la tumeur a la plus grande probabilité de porter la mutation, c'est-à-dire les femmes, les personnes d'origine asiatique, les porteurs d'une forme du cancer appelée «adénocarcinome»...

L'approche ciblant une anomalie génétique tumorale spécifique s'avère plus efficace, avec moins d'effets indésirables graves que la chimiothérapie. Elle est cependant plus coûteuse, tant par ses traitements - un mois sous Iressa coûte plus de 2 000 euros - que par l'examen moléculaire approfondi des tumeurs qu'elle exige. Elle préfigure le basculement progressif vers une médecine personnalisée, qui tiendra compte à la fois du patient et de son type de cancer.

LF

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