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Cancer : un mollusque marin révolutionne le ciblage vectoriel !

Une équipe de chercheurs de l’Institut de Chimie des Milieux et des Matériaux de Poitiers (CNRS/Université de Poitiers), dirigée par Sébastien Papot, vient de mettre au point un remarquable outil de ciblage thérapeutique contrer le cancer. Celui-ci est capable d'acheminer une molécule anticancéreuse vers les cellules malades sans toucher les cellules saines qui sont souvent exposées à des dégâts collatéraux par les chimiothérapies conventionnelles. Cette avancée médicale importante a été publiée en tant "qu'article très important" dans l’édition internationale de Angewandte Chemie.

Pour développer leur nouveau vecteur, ces chercheurs ont imaginé un nouveau système de ciblage thérapeutique à partir d'un puissant agent cytotoxique, la MMAE (Monomethyl auristatin E), de la famille des Dolastatines, découverte en 1987 sur un mollusque marin, Dolabella auricularia. Ce système est conçu pour repérer les récepteurs de l'acide folique situés à la surface des cellules cancéreuses puis pour entrer dans celles-ci afin d'y délivrer l’agent cytotoxique MMAE. Cet agent agit alors comme une véritable bombe à fragmentation et détruit non seulement les cellules-cibles mais également les cellules malignes voisines.

L’efficacité de cette approche a été confirmée chez la souris en laboratoire dans le traitement de tumeurs. Il a notamment été démontré que cet outil innovant de ciblage thérapeutique possède bien un potentiel anticancéreux exceptionnel. Après trois semaines de traitement, la tumeur n’était tout simplement plus visible par imagerie chez les souris traitées alors qu'elle poursuivait sa progression dans le groupe-témoin. Par ailleurs, cette approche thérapeutique a confirmé son absence d'effets indésirables.

La France est en pointe dans ce domaine de recherche très prometteur, notamment grâce aux travaux de Patrick Couvreur, professeur à l'Université Paris-Sud qui a mis au point un nanomédicament efficace contre le cancer du foie et travaille actuellement sur une nouvelle famille de nanovecteurs, issue du squalène. Ce chercheur d'exception a d'ailleurs été récompensé il y a quelques semaines par la prestigieuse médaille de l'innovation du CNRS.

Actuellement, les cancérologues disposent d'une vaste panoplie de médicaments anticancéreux mais paradoxalement, les médecins sont souvent confrontés à deux écueils : soit les molécules utilisées en chimiothérapie anticancéreuse ont une efficacité insuffisante contre les cancers les plus graves (cancers du poumon, de l'intestin, du sein et de la prostate) et causent des dommages aux cellules saines voisines, soit les molécules sont trop puissantes et trop toxiques aux doses utilisables par les moyens d'administration conventionnels.

Pour surmonter cette difficulté majeure, la nanovectorisation qui permet "d'empacter" dans un biovecteur ou de "l'attacher" à une molécule qui se charge de la transporter jusqu'à la tumeur, constitue une percée fondamentale sur le plan thérapeutique qui est en train de bouleverser les perspectives de traitements en démultipliant l'efficacité des molécules employées et permettant une "frappe" des cellules malades bien plus sélective, ce qui réduit considérablement les effets secondaires pénibles pour le malade.

Article rédigé par Mark FURNESS pour RTFlash

Angewandte Chemie

CNRS

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