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Cancer de la gorge : des virus responsables ?

Des virus, déjà responsables de cancers féminins, sont de plus impliqués dans des cancers de la gorge survenant chez des patients, qui n'ont pas le facteur de risque "habituel" de l'intoxication alcool-tabac, selon les spécialistes. Ces virus, appartenant à la famille des papilloma virus (HPV - Human Papilloma Virus) sont les mêmes que ceux reconnus responsables chez la femme du cancer du col de l'utérus. "Ils semblent jouer un rôle important dans le développement de cancers de la gorge dans le monde occidental", indique à l'AFP le Pr Jean Lacau Saint Guilly (hôpital Tenon, Paris), membre de la société française d'ORL (Sforl; ORL: nez-gorge-oreilles) dont le 114e congrès s'est tenu à Paris du 14 au 16 octobre.

"On observe de plus en plus de cancers de la gorge, notamment chez des sujets jeunes, qui n'ont pas d'intoxication alcoolo-tabagique", remarque-t-il. Ces cancers ORL touchent essentiellement des gens âgés d'une cinquantaine d'années. Or on découvre "des cancers sans facteurs de risque chez des gens de plus en plus jeunes : moins de quarante ans", renchérit le professeur Dominique Chevallier (Lille).

D'après plusieurs études, "ces virus sont retrouvés dans plus de 50 % des cancers oropharyngés, la partie moyenne du pharynx : cancer de la base de la langue, du voile du palais et particulièrement cancer de l'amygdale", détaille M. Lacau Saint Guilly. A tel point que des spécialistes parlent d'une possible "épidémie" chez les non-fumeurs.

Aux Etats-Unis, l'incidence (nouveaux cas) des cancers liés à l'alcool-tabac (larynx, pharynx) baisse de 2,42 % par an depuis 1983 tandis que l'on note une augmentation de l'incidence des cancers de l'oropharynx supposés liés à l'HPV de 0,65 % par an. Des augmentations similaires sont retrouvées dans d'autres pays.

Une étude suédoise sur des tumeurs, avec recherche virale, montre un triplement des cancers liés aux virus HPV, ajoute le Pr Lacau Saint Guilly. Par conséquent, l'absence des facteurs de risque "habituels" alcool-tabac ne doit pas faire méconnaître la possibilité d'un cancer de la gorge (surtout de l'oropharynx) ou de l'origine cancéreuse d'un ganglion du cou, notamment chez des patients jeunes, avertissent les spécialistes.

En France, 18.000 nouveaux cancers ORL sont diagnostiqués chaque année, dont 2.000 cancers de l'amygdale. A terme, on saura si l'usage du vaccin préventif contre le cancer du col de l'utérus, actuellement destiné aux jeunes filles avant le début de la vie sexuelle, s'accompagne d'une baisse des cancers de la gorge impliquant les mêmes virus. "Si c'est le cas, il faudra alors envisager de vacciner les garçons" pour prévenir les cancers de l'oropharynx, avance le Pr Lacau Saint Guilly.

Pour les cancers de la gorge de mauvais pronostic avec métastases, des médicaments (Taxotère, Erbitux) ont permis d'améliorer la survie globale. Pour le futur, la recherche travaille sur les vaccins curatifs (vaccinothérapies) pour ces cancers de la gorge.

AFP

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