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Cancer : les espoirs de la médecine personnalisée

Les méthodes de traitement du cancer sont en pleine transformation. Fini le temps où l'on cherchait à donner le même médicament à tout le monde. Centres de recherche et laboratoires pharmaceutiques misent désormais sur la médecine personnalisée. Son principe ? « Deux personnes atteintes du même cancer peuvent répondre de manière différente à un même traitement, résume Vladimir Lazar, directeur de la plate-forme de biologie intégrée à l'Institut Gustave-Roussy. Tout l'enjeu est d'identifier le bon médicament pour le bon patient. » Mais passer de la théorie à la pratique n'est pas une mince affaire. « Ce domaine de recherche est encore balbutiant, reconnaît Christophe Le Tourneau, oncologue à l'Institut Curie. Dans l'esprit des gens, ce sont des thérapies miracle qui permettent de guérir. Mais on n'en est pas encore là, même si elles permettent déjà d'augmenter la survie dans plusieurs types de cancers. »

Aujourd'hui, les traitements sont déjà personnalisés, dans une certaine mesure. Les médecins classent les tumeurs en divers sous-types, selon leur localisation et leur agressivité, mais aussi selon l'âge du patient et la forme des cellules touchées, ce qui permet d'adapter les actes de chirurgie, de radiothérapie et de chimiothérapie. « Mais les thérapies ciblées vont plus loin, assure Sylvie Négrier, directrice du centre de lutte contre le cancer de Lyon. Leur effet étant lié aux caractéristiques moléculaires de la tumeur, nous sommes capables de sélectionner par avance les patients qui répondront à tel ou tel traitement, et donc de gagner en efficacité tout en limitant les soins inutiles. »

De telles avancées sont liées à une meilleure compréhension de la maladie. On sait maintenant qu'un même cancer peut cacher différents mécanismes moléculaires. Cela se traduit par la présence d'anomalies biologiques différentes, qui jouent un rôle dans le développement des tumeurs. Ces altérations peuvent toucher la cellule tumorale (au niveau des récepteurs membranaires et des protéines cytoplasmiques ou nucléaires), mais aussi la régulation des gènes. Aussi, contrairement aux chimiothérapies classiques, qui empêchent la multiplication de toute cellule malade ou saine, les thérapies ciblées sont des molécules spécifiquement dirigées contre ces anomalies biologiques. Ces agents thérapeutiques (anticorps ou petites molécules de synthèse le plus souvent) agissent alors comme des interrupteurs qui viennent bloquer la cascade d'informations permettant à la cellule cancéreuse de se répliquer.

Cette approche sur mesure est incarnée par l'Herceptine, de Roche Commercialisé depuis 1998, ce médicament est destiné aux patientes atteintes d'un cancer du sein qui expriment fortement le gène HER2. Depuis, une dizaine de traitements ciblés ont vu le jour. Et le mouvement s'accélère : de nombreux laboratoires y consacrent désormais l'essentiel de leurs investissements en R&D.

Ces nouveaux traitements sont déjà associés aux chimiothérapies classiques et s'adressent en priorité aux stades métastatiques. « On estime qu'environ 30 % des cancers fréquents sont actuellement concernés par la médecine personnalisée », indique Sylvie Negrier. Mais cela varie d'une molécule à une autre. Pour l'herceptine, seuls 20 % des cancers du sein sont par exemple concernés. Quant au bénéfice thérapeutique, il est « variable », estime l'Académie nationale de médecine dans un rapport publié en mars 2011. L'institution reconnaît que certains pronostics ont été bouleversés. Les patients atteints de leucémie myéloïde chronique, par exemple, peuvent désormais espérer stabiliser leur maladie grâce au Glivec.

D'autres molécules ciblées ont considérablement amélioré l'espérance de vie, comme l'Herceptine, l'Avastin, le MabThera ou l'Iressa. Cette dernière a permis de faire passer la survie d'environ deux à douze mois pour certains cancers broncho-pulmonaires. Doit-on s'attendre à des progrès rapides ? La partie sera difficile, tant les obstacles demeurent à chaque étape du processus. « On ne pourra jamais tester toutes les anomalies biologiques pour la multitude de sous-groupes correspondants », assure Christophe Le Tourneau. Aussi, la stratégie vise plutôt à identifier les « drivers », ces anomalies dont on pense qu'elles jouent un rôle déterminant dans l'apparition et l'évolution de la maladie. Dans ce but, le séquençage de l'ADN est devenu un outil indispensable pour recenser les anomalies génétiques.

Les Echos

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