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Un bon sommeil est indispensable à la mémorisation

Des chercheurs américains ont publié deux nouvelles études sur les bienfaits d'un sommeil paisible, capable de réveiller les souvenirs perdus dans l'agitation de la journée. C'est via le processus biologique d'archivage, de consolidation et de sauvegarde des souvenirs au plus profond des complexes circuits du cerveau. Ces conclusions pourraient influencer la manière dont on apprend, voire être un jour incorporées dans le traitement des maladies mentales ayant un lien avec les souvenirs, comme le stress post-traumatique. Dans deux études séparées, des étudiants ont été formés à effectuer des tâches spécifiques, puis testés pour vérifier leurs souvenirs de ces exercices, après une nuit de sommeil, ou après quelques heures de veille. "Nous avons tous vécu cela : aller se coucher avec une question en tête et se réveiller avec la solution", dit Daniel Margoliash, professeur de neurobiologie à l'Université de Chicago et patron d'une des deux études. Selon lui, il se pourrait que trop de souvenirs soient engrangés dans la journée mais le cerveau ensuite ferait le tri et réorganiserait cette confusion. Ou bien, ces souvenirs pourraient être perdus le jour mais reconstruits pendant le sommeil. Les sujets ayant écouté un discours prononcé par une voix synthétique difficile à suivre comprenaient plus de mots après avoir dormi que ceux qui avaient juste eu quelques heures de battement, sans sommeil. Mais tous s'accordent pour dire que de plus amples recherches sont nécessaires, notamment pour prendre en compte tous les facteurs. Par exemple, l'heure de l'apprentissage: les sujets formés tard le soir ont peut-être eu de meilleurs résultats parce qu'ils ont été dormir peu après, les sujets formés le matin ayant subi une journée supplémentaire de souvenirs parasites, avant d'être soumis aux tests 12 heures plus tard. Dans la seconde étude, des chercheurs de l'Ecole de médecine de Harvard ont enseigné à leurs cobayes des séquences rythmées avec les doigts, comme des gammes de piano. Leur mémoire de ces séquences a été testée à différents intervalles, y compris après une, puis deux nuits de sommeil. Ils en ont conclu que les souvenirs sont consolidés en trois étapes. La deuxième étape nécessite le sommeil et permet une meilleure acuité. En revanche, si les sujets répètent brièvement une séquence apprise la veille juste avant d'en apprendre une nouvelle, la précision sur la première séquence n'est pas bonne le troisième jour. En revanche, le second exercice est parfait. Ce qui donne à penser que "tous les souvenirs ne sont pas égaux", et que leur ordre temporel pourrait être important, estime la psychologue Karin Nader, de l'université McGill, qui a examiné les deux études. "Le sommeil peut récupérer des souvenirs qui s'étaient évanouis naturellement", selon Karim Nader, du département de psychologie de l'université McGill à Montréal dans un commentaire publié par Nature. Il rappelle qu'il y a deux états de la mémoire, la mémoire immédiate (à court terme) où les souvenirs ne sont pas encore fixés, et plusieurs heures plus tard une mémoire stabilisée ou consolidée, grâce à un processus de consolidation cellulaire, par lequel les neurones synthétisent les protéines et les ARN, des molécules qui agissent comme messager par lequel les gènes envoient un message. Le fonctionnement de la mémoire implique plusieurs étapes, fait remarquer une autre équipe de chercheurs, dirigés par Matthew Walker, du laboratoire de Neurophysiologie (Harvard Medical School, Boston). Celles-ci transforment des pensées et impressions volatiles en informations plus permanentes, et peuvent être affectées par le sommeil et l'état de veille. Mais, font-ils valoir, même une fois le processus terminé, les souvenirs en mémoire peuvent encore être troublés et modifiés. Le seul fait de rappeler un souvenir peut suffire à le renvoyer à un état de fragilité et d'instabilité qui nécessite, pour qu'il survive, une nouvelle reconsolidation cellulaire. Ce qui montre que le cerveau est capable, à la faveur de l'expérience vécue par le sujet, d'altérer des souvenirs déjà stockés dans la mémoire.

Scientist : http://www.the-scientist.com/yr2001/mar/research_010319.html

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