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Edito : Attention, la terre va se fâcher et sa colère pourrait être meurtrière

Alors que la Terre existe depuis des milliards d'années et que l'Homme est son hôte depuis des millions d'années, pour la première fois l'Humanité va exercer une responsabilité particulière sinon déterminante sur le destin de notre planète. Tant que l'Homme n'a fait qu'allumer des feux avec le bois qu'il glanait en surface, tant qu'il n'égratignait que sa carapace pour labourer et semer, tant qu'il n'a construit que des huttes, des villas ou même des châteaux-forts en se servant quasi exclusivement de l'énergie du muscle humain ou de l'animal, notre Terre, en mère accueillante, a laissé faire. Ses propres cycles fondamentaux n'étaient en rien dérangés par la vie qui a éclos et qui s'est développée sur ses sols fertiles et sous son atmosphère protectrice. Et puis patatras ! d'un seul coup tout s'est déréglé... 'Homme trouvant trop lent le rythme des saisons et n'ayant plus d'espaces essentiels à découvrir puisqu'il avait enfin compris que notre Terre était ronde, a imaginé il y a plus de deux siècles, bien avant qu'Einstein ne le mette en équation, que le principal territoire à conquérir n'était plus l'espace mais le temps : ce fut le début de la révolution industrielle. Mais autant l'espace est peu exigeant en énergie pour le découvrir si nous sommes patients, autant le temps est un ogre de plus en plus vorace pour se laisser conquérir puisqu'une seconde perdue ne peut, dans notre compréhension actuelle de notre monde, jamais être retrouvée. Alors qu'il aura fallu à l'Homme, avec l'aide de son plus efficace compagnon, le cheval, des millions d'années pour atteindre la vitesse d'un destrier lancé au galop (65 km sur 1000 mètres), il n'aura fallu que deux cents ans, à peine, en commençant par la vapeur, pour arriver aujourd'hui à la fusée, pour se déplacer à plusieurs milliers de kilomètres par heure. Pour produire des biens alimentaires, pour fabriquer des objets matériels, la progression de l'exigence en énergie fut aussi fulgurante tant la productivité dont le facteur essentiel, là encore, est le temps s'est partout imposée. Bien entendu, toutes les ressources énergétiques que la Terre avait obligeamment mises à la disposition de l'Homme à sa surface, très rapidement, ne furent plus suffisantes pour répondre à ces exigences de plus en plus fortes. Alors, l'Homme, ignorant les grands équilibres de la nature se mit à violer notre Terre. Il commença à y puiser, à des niveaux de plus en plus profonds, du charbon puis se servant de l'énergie produite par ce charbon se mit à trépaner, avec de longs scalpels d'acier, notre planète, pour y extraire, à de grandes profondeurs, du pétrole. Dans une insouciance que l'Homme va commencer à payer chèrement, l'Humanité de nos grands-parents, mais aussi celle de nos contemporains, a ainsi allègrement mélangé le carbone, qui est l'élément fondamental de notre planète et qu'elle avait su stocker depuis des milliards d'années sous des millions de formes allant de la plus pure, le diamant, à la plus énergétique, le pétrole, avec l'oxygène qui est l'élément fondamental sans lequel il n'y aurait pas de vie sur Terre. Or, le CO², comme tous les autres gaz dits à « effet de serre » comme le méthane par exemple, a le terrible inconvénient de perturber les échanges thermiques entre notre planète et son environnement. Si ces gaz ne gênent pas, heureusement, l'arrivée de l'énergie solaire sur la surface de notre Terre, énergie qui est vitale, par contre la chaleur que réémet notre planète vers l'Espace est en partie piégée dans l'atmosphère et le réchauffe. Ce même type de phénomène se passe dans une serre de jardinier, mais dans ce cas là c'est le verre qui piège la chaleur. Ainsi, en moins de 250 ans, depuis que l'Homme a commencé à brûler, de façon massive, du charbon et depuis un siècle du pétrole, le taux d'oxyde de carbone (CO²) dans l'atmosphère de notre planète a atteint un niveau que notre Terre n'avait jamais connu depuis au moins 42.000 ans. Il y a une dizaine d'années certains des experts doutaient encore du rôle réel de l'Homme dans ce dérèglement de l'atmosphère. Mais, dans les trois rapports qui viennent d'être rendu publics (le dernier venant d'être publié début mars) par le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (IPCC) qui dépend de l'ONU, les savants les plus éminents qui observent notre Terre sont unanimes pour pousser un cri d'alarme en nous disant que les grands équilibres de notre planète vont être rompus à cause de l'activité humaine. Dans le seul siècle qui commence, c'est-à-dire avant l'an 2100, ce qui ne représente que le temps d'une étincelle dans l'histoire milliardaire en années de notre mère nourricière, la température de l'atmosphère pourrait augmenter de près de 6° C et le niveau des mers s'élever de près d'un mètre, variations que notre planète n'a pas connues en plusieurs centaines de milliers d'années. Cela devrait commencer avec des tempêtes de plus en plus fréquentes et par des pluies de plus en plus abondantes provoquant des inondations sur les parties tempérées et une sécheresse de plus de plus aride sur les zones sub-tropicales. Avec les tempêtes qui se multiplient, les inondations qui deviennent de plus en plus fréquentes, les gouvernants de la Terre ne devraient-ils pas appliquer ce principe de précaution qui semble être devenu la loi d'airain dans l'art de la gouvernance ? Si rien n'est fait, les savants nous avertissent que ces colères météorologiques vont devenir de plus en plus fréquentes et violentes. Si les gouvernements des pays les plus développés du monde continuaient à être sous l'influence, de plus en plus inacceptable, des grands groupes pétroliers, comme vient encore de le montrer cette semaine le Président Bush en affirmant qu'il ne ferait rien pour réduire la production des gaz à effet de serre aux Etats-Unis, il est à craindre que sous la pression de la Nature qui se fera de plus en plus violente, le Peuple de la Terre (car pour répondre à de tels problèmes l'Humanité est une et indivisible) se révolte devant une telle cécité et une si profonde inconscience de ses gouvernants.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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