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Attention au ronflement chez l'enfant

Le ronflement chronique chez l'adulte est une condition assez commune, mais chez l'enfant il est plutôt considéré comme un signal d'alarme. Ce trouble respiratoire nocturne nuit évidemment au sommeil et peut entraîner une flopée d'effets secondaires : fatigue, mauvaise humeur, agressivité, hyperactivité, retard de croissance, diabète, obésité, difficultés d'apprentissage et de concentration, maux de tête, pertes de mémoire... D'où l'importance de cibler très tôt les jeunes à risque.

Une nouvelle recherche de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal a établi que les enfants qui ont un visage long et étroit, ainsi que ceux qui ont l'habitude de respirer par la bouche ou qui souffrent d'allergies ou de rhumes fréquents auraient davantage tendance à ronfler. L'étude a été conduite auprès de 604 enfants qui ont consulté la clinique d'orthodontie de l'UdeM au cours des deux dernières années pour des raisons sans lien avec leur sommeil. Un peu plus de 10 % d'entre eux ont rapporté être des ronfleurs chroniques.

"C'est la première fois qu'on recueille de tels résultats dans un échantillon aussi vaste et dont la nature se rapproche un peu plus de celle de la population en général. Des recherches semblables ont été menées mais uniquement auprès d'enfants chez qui on avait déjà diagnostiqué des troubles respiratoires nocturnes", explique Nelly Huynh, professeure à la Faculté de médecine dentaire et première auteure de cette étude parue dans les pages de l'American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopedics.

Les parents devaient remplir un questionnaire sur les antécédents médicaux et dentaires de leur enfant, ses habitudes nocturnes et diurnes, de même que la qualité et la durée de son sommeil. Ces données ont été croisées par la suite avec les résultats d'un examen de routine orthodontique.

"Les troubles de sommeil mentionnés par les parents sont associés à une morphologie cranio-faciale particulière, souligne Mme Huynh. La mâchoire est étroite, ce qui indique que la langue n'a pas l'espace nécessaire pour s'étaler entièrement. Elle occupera alors le haut de la cavité buccale, anormalement profonde vers le haut en raison d'une voute palatine étroite et élevée. Cette disposition amène la langue à reculer pendant le sommeil et, donc, à bloquer les voies aériennes respiratoires."

  • La vigilance est de mise

De 70 à 90 % des enfants environ verront leurs troubles respiratoires nocturnes disparaître au cours de leur croissance. Leur structure cranio-faciale s'élargira avec le temps, ce qui dégagera les voies aériennes. "Il reste cependant de 10 à 30 % des enfants qui souffriront de ronflement chronique et même d'apnée du sommeil jusqu'à l'âge adulte", indique Nelly Huynh, qui travaille aussi au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. Pour ces derniers, il existe une panoplie d'interventions dont la plus commune est l'amygdalectomie. Du côté des traitements orthodontiques, on songe en premier à l'extension rapide du palais. "Jusqu'à l'âge de 14 ans approximativement, la voute palatine n'a pas encore fusionné, dit-elle. On peut alors guider sa croissance grâce à un appareil buccal. Après la puberté, on peut faire une intervention semblable en ayant recours à la chirurgie." Au début de l'adolescence, il est aussi possible d'installer un appareil qui avancera légèrement la mandibule.

Nelly Huynh ajoute que, dans certains cas, on module l'arête du nez qui, si elle est trop déviée, peut congestionner complètement une narine. Les cornets nasaux peuvent aussi être en cause : s'ils sont trop gros, on les atrophie par radiofréquence. "Même si les enfants ne présentent pas ces anomalies, il est tout de même important de leur apprendre à se moucher et à maintenir une bonne hygiène nasale pour faciliter la respiration", conseille-t-elle. Mais avant d'en arriver à ces traitements, encore faut-il que ces problèmes respiratoires soient diagnostiqués chez ces enfants. "Les troubles respiratoires du sommeil seraient sous-rapportés autant chez les adultes que chez les enfants", estime Mme Huynh. Elle invite les parents, médecins, pédiatres, dentistes et orthodontistes à être vigilants. "Les parents devraient être attentifs à la respiration nocturne de leur enfant, à son humeur, à sa fatigue. Les professionnels de la santé devraient quant à eux poser des questions sur le sommeil de l'enfant et même sur celui du parent. Si ce dernier est apnéique, il y a de fortes probabilités que le jeune le soit aussi."

Bien que ces questions ne surgissent pas systématiquement lors des examens médicaux et dentaires, elles le sont de plus en plus. "Les troubles du sommeil sont enseignés aux étudiants en orthodontie de l'UdeM", affirme Nelly Huynh, qui croit fortement à une collaboration entre les médecins et les dentistes. "C'est la meilleure façon de ne laisser aucun enfant à risque glisser entre les mailles du filet et de faire en sorte que tous les enfants puissent commencer leur vie en santé."

Techno-Science

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