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Aspirine en prévention du cancer colorectal : une réduction du risque de 59 % en moins de 5 ans
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L’intérêt de l’aspirine dans la prévention des adénomes coliques et du cancer colorectal est fortement suspecté sur la base de données épidémiologiques, d’études cas-témoins et plus récemment d’une méta-analyse ayant inclus 5 essais randomisés de prévention cardiovasculaire. Mais on ne disposait pas jusqu’ici d’études positives ayant comme objectif et comme critère principal de jugement la réduction de la fréquence des cancers colorectaux.
C’est le cas aujourd’hui avec les résultats de l’étude CAPP2 (pour Colorectal Adenoma/carcinoma Prevention Programme). Dans cet essai international randomisé contre placebo, John Burn et coll. ont inclus 861 sujets atteints de syndrome de Lynch. Rappelons qu’il s’agit d’une affection génétique transmise de manière autosomique dominante encore appelée cancer colorectal héréditaire non polyposique (HNPCC). Elle se caractérise par un risque majeur de cancer colorectal (survenant chez environ 70 % des sujets au cours de leur vie) mais aussi d’autres localisations néoplasiques (utérus, ovaires, intestin grêle…).
Schématiquement, 861 sujets atteints de ce syndrome ont été randomisés entre 600 mg d’aspirine par jour et un placebo. L’intervention a duré en moyenne 25 mois. Après un suivi moyen de 55,7 mois, 18 cancers colorectaux ont été diagnostiqués dans le groupe aspirine contre 30 dans le groupe placebo. En intention de traiter cette réduction du risque de 37 % n’atteint pas la significativité statistique (hazard ratio : 0,63 avec un intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre 0,35 et 1,13 ; p=0,12). Cependant, en per protocole, chez les sujets ayant pris leur traitement durant au moins deux ans, le bénéfice conféré par l’aspirine a atteint le seuil de significativité statistique (réduction du risque de 59 % ; IC95 entre - 14 et - 81 % ; p=0,02). Toujours en per protocole et après deux ans au moins de traitement, la fréquence des cancers non colorectaux liés au syndrome de Lynch a également été réduite (de 53 % sans toutefois atteindre le seuil de significativité statistique ; p=0,07).La tolérance de l’aspirine a été satisfaisante puisque durant la phase d’intervention la fréquence des effets secondaires n’a pas été différente entre les deux groupes.
Pour l’éditorialiste du Lancet, si cette étude a bien sûr ses limites, elle devrait dès maintenant conduire à prescrire systématiquement de l’aspirine à ces patients en association à la surveillance coloscopique intensive qui est recommandée. L’étude CAPP3 devrait permettre de choisir la dose optimale d’aspirine.
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