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Anorexie : la thérapie familiale donne de bons résultats

La thérapie familiale montre de bons résultats chez les jeunes filles atteintes d'anorexie mentale sévère. Ainsi, par rapport à une prise en charge classique, travailler sur les relations intra-familiales avec les parents et la fratrie durant 18 mois après une hospitalisation multiplie par 3 les chances de retrouver un état de santé correct. Ces résultats, dont le bénéfice semble se maintenir également à long terme, sont le fruit d'une étude menée par une équipe de l'Inserm à l'Institut mutualiste Montsouris à Paris.

L'anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui affecte 0,5 à 1 % des adolescentes. Les jeunes ne parviennent plus à s’alimenter normalement. Ce trouble psychiatrique est associé à des perturbations sociales et des complications physiques et psychologiques majeures. Il nécessite parfois une hospitalisation, conséquence d’une sévérité extrême et ayant pour corollaire un mauvais pronostic.

Pour les patientes, la prise en charge classique est coordonnée par un psychiatre qui rencontre alternativement la jeune fille seule ou accompagnée de ses parents, à un rythme lié à son état. Il évalue son état de santé physique et mental, l'interroge sur son alimentation, son environnement psychosocial et guide les parents dans l’accompagnement de leur enfant.

La thérapie familiale consiste à impliquer parents et fratrie autour des relations familiales ; elle est également proposée depuis les années 60 mais elle se fraie difficilement un chemin dans ce programme de soins. En 2004, seulement 3 % des patientes hospitalisées à l'Institut mutualiste Montsouris en bénéficiaient.

Des travaux britanniques, parus à la fin des années 80, avaient montré que la thérapie familiale permettait de renforcer l'état de santé des jeunes filles anorexiques en comparaison à une thérapie individuelle. Cependant, les soins classiques proposés en France sont plus intensifs qu’une seule thérapie individuelle. "La question était donc de savoir si l’adjonction d’une thérapie familiale améliorerait les soins proposés pour des patientes atteintes de formes sévères. C'est ce que nous avons voulu vérifier à l'Institut Montsouris", explique le Docteur Nathalie Godart, coauteur des travaux.

Ainsi, il a été proposé aux jeunes filles récemment hospitalisées de suivre le parcours de soins classique, associé ou non à une thérapie familiale dans le cadre d’un essai randomisé. Au total, 60 jeunes filles d'Ile de France âgées de 13 à 19 ans ont été recrutées. Seulement la moitié d'entre elles bénéficie de ce dispositif pendant 18 mois en plus des soins usuels. "La thérapie familiale associe les parents et les frères et sœurs de plus de 6 ans. Elle ne prend pas en compte l'alimentation en tant que telle mais seulement les relations et la dynamique intrafamiliales, explique Nathalie Godart. Une fois par mois, les membres de la famille sont réunis pendant une heure trente autour d'un thérapeute qui travaille autour de plusieurs axes ; l'histoire intergénérationnelle de la famille, ses relations actuelles ou encore le vécu de l'anorexie par les différentes personnes".

Au terme des 18 mois, les résultats montrent que les jeunes filles qui ont suivi une thérapie familiale se portent mieux que les autres. Elles ont 3,2 fois plus de chance d'aller "bien" ou "à peu près bien" que dans le groupe avec le seul traitement classique selon un indice incluant plusieurs critères dont le poids, la présence de règles ou encore l'association d'autres troubles alimentaires comme la boulimie.

Elles sont deux fois plus nombreuses à être sorties du stade critique de l'anorexie en terme de poids et davantage d'entre elles ont retrouvé leurs règles. "Ces travaux sont très en faveur de la thérapie familiale. Depuis ces résultats, nous proposons systématiquement à toutes les patientes hospitalisées un suivi classique associé à une thérapie familiale. Certaines familles peuvent être un peu réticentes à associer les frères et sœurs à cette prise en charge mais d'autres sont très demandeuses pour faire face à la maladie", précise Nathalie Godart.

En outre, ces bons résultats pourraient bien se confirmer à plus long terme avec un bénéfice qui semble se maintenir à 5 ans selon les travaux toujours en cours au sein de l'Institut.

Inserm

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