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Affaire Axa contre Infonie : un bon point pour les hébergeurs

Le 28 septembre dernier, le tribunal d'instance de Puteaux a rendu un jugement très intéressant en matière de responsabilité des hébergeurs. Il a dû se pencher sur le sujet dans le cadre d'une plainte de deux sociétés du groupe Axa (Axa Conseil IARD et Axa Conseil Vie) à l'encontre du fournisseur d'accès Internet Infonie. Axa a assigné en janvier 99 pour "diffamation publique" en invoquant les textes qui régissent le droit de la presse (articles 29 alinéa 1 et 32 alinéa 1 de la loi du 29 juillet 1881) conjointement Infonie et son abonné, un ancien salarié du groupe d'assurance, qui avait mis en ligne une page personnelle intitulée "Comment Axa prend les gens pour des cons", fermée après la découverte des propos jugés outrageants. Les avocats représentant Axa se sont appuyés sur l'argument selon lequel la responsabilité de directeur de publication revenait à Infonie et que l'auteur des propos était considéré comme complice. La défense de son côté a plutôt accentué sa plaidoirie sur le caractère immédiat du transfert d'informations sur Internet, qui serait assimilable "au direct" tel que défini dans la loi sur la communication audiovisuelle de 1982 (article 93-3 de la loi du 29 juillet 1982). Dans son jugement, le tribunal d'instance de Puteaux a débouté les deux sociétés du groupe Axa et a refusé de condamner Infonie en qualité d'auteur principal de "diffamation publique". Le tribunal considère que l'hébergeur n'a aucune maîtrise sur le contrôle des informations avant que celles-ci ne soient diffusées sur l'Internet et qu'il ne peut être considéré comme directeur de la publication. L'auteur de la page personnelle, dans le cadre de la procédure engagée ne pouvait dès lors pas être condamné non plus. A ce jour, le groupe Axa n'a pas encore émis le souhait de faire appel de ce jugement. La décision, qui alimente la jurisprudence sur le sujet, est importante car elle considère que l'hébergeur n'est pas responsable du contenu des pages qu'il accueille. Il est tentant de faire un lien avec l'affaire Altern/Estelle Hallyday mais les circonstances sont assez différentes: le chef d'accusation portait sur l'atteinte au droit à l'image et à l'intimité de la vie privée, et la procédure avait été initiée en référé. Reste que cette épineuse question de la responsabilité des hébergeurs ne sera véritablement réglée qu'après l'adoption par le Parlement d'une loi transposant le Directive européenne traitant de cette question.

Journal du Net : http://www.journaldunet.com/9910/991004infonie.shtml

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