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ADN : l'arme absolue anticontrefaçon

Plus question de copier un sac Vuitton ou un tableau de Van Gogh. Un procédé inédit d'estampille moléculaire, mis au point par une équipe de chimistes écossais, permet de vérifier l'authenticité d'un diamant et de pister les eaux, des aliments et toutes sortes de marchandises. Les Britanniques ont inventé la panacée antifraude ! Un moyen de marquage microscopique et modulable à volonté. Une simple pulvérisation sur une robe, un tapis ou un tableau et l'objet devient reconnaissable parmi mille copies. Ce sceau redoutable pour les contrefacteurs utilise un système de codage des plus éprouvés : l'ADN. Cette molécule, l'acide désoxyribonucléique, code pour le vivant depuis des millions d'années ! Support de l'hérédité, c'est un véritable code-barres moléculaire que des scientifiques écossais ont eu l'idée d'exploiter pour marquer les produits. Le système breveté, dénommé Cypher Mark (cypher signifie code secret en anglais), est désormais sur le marché de la parfumerie, des spiritueux, des diamants, du pétrole... et les responsables des douanes s'y intéressent. Supplantera-t-il les systèmes de marquage traditionnels, radioactifs, chimiques et biologiques ? Le produit-signature est fait de microbilles (de 0,1 à 5 micromètres) auxquelles sont attachées des " clés moléculaires ". Ces clés sont des chaînes de nucléotides alignant une trentaine de bases. Comme il existe quatre bases naturelles (adénine, cytosine, guanine, thymine), leurs combinaisons dans divers ordres permet d'aboutir à 1018 marques différentes ! A chaque propriétaire, des séquences particulières peuvent être attribuées. Selon l'application et les propriétés recherchées, les fabricants peuvent choisir des microbilles en matériaux adaptés : silicone, latex, polystyrène, silice, polycarbonate... De même, ces " perles " peuvent être rendues plus ou moins détectables par l'émission d'une fluorescence particulière, par un effet magnétique ou même par réponse antigénique. La concentration d'usage est de 10 à 1000 microbilles par millilitre de liquide marqué. Le marquage des liquides, tissus, objets divers, se fait par mélange (mise en suspension du produit) ou aérosols. Cypher Mark peut aussi s'appliquer sous forme de poudre, de laque, de peinture ou de résine époxy sur des surfaces solides. " Avec un gramme de produit, nous pouvons marquer tout le contenu d'un pétrolier, soit environ 250000 tonnes ! raconte John Minton, l' ingénieur chimiste écossais, qui a mis au point ce procédé. " Même si les séquences d'ADN ainsi que les microbilles sont chères à produire, nous pouvons proposer des marquages à prix avantageux, car les configurations sont déclinables presque à l'infini ", estime John Minton. Ces étiquettes génétiques invisibles sont difficilement détectables mais sont surtout inviolables : le message codé par la succession des bases est " illisible, " car il faut détenir un code d'accès dit primaire qui permet d'amorcer un copiage. Indéchiffrable et inimitable, ce sceau emprunté au vivant peut être apposé ou intégré sur ou dans n'importe quoi. Il supporte le chauffage modéré et ne peut pas être extrait, enlevé de son milieu ou de son support. Une aubaine pour tous les chercheurs de preuves ! Le procédé est déjà à l'étude à la Smithsonian Institution de Washington pour protéger les oeuvres d'art. Enfin, grâce à l'incorporation des microbilles codées dans les encres et d'autres matériaux utilisés pour préparer le papier (agents de résistance par exemple), les billets de banque, des documents confidentiels, ou des certificats sont repérables à la trace .

( sciences&avenir/25/09:98)

http://www.sciences-et-avenir.com/

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