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Un accord mondial sur la pêche durable à Johannesburg

Sommet de la Terre sur le développement durable, les avancées sont si minimes, après presque une semaine de négociations, que l'accord qui vient d'être trouvé sur la pêche a été salué comme une véritable « percée » par les Nations unies. Consciente de la nécessité de renverser la tendance à la surexploitation qui menace dangereusement les ressources marines, la communauté internationale s'est en effet mise d'accord pour restaurer d'ici 2015 les stocks de poissons. « Cet accord va donner aux gouvernements une basse essentielle pour agir, a estimé Nitin Desai, secrétaire général du Sommet. La surexploitation ne peut pas continuer. Elle menace l'approvisionnement alimentaire de millions de personnes. Cet accord reconnaît la nécessité d'une action coordonnée entre les gouvernements, de façon urgente, pour gérer les océans de façon responsable ». De quoi réjouir Philippe Cury, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), et basé au département océanographie de l'Université du Cap. « Si l'on continue comme cela, le poisson risque de devenir un produit de luxe dans certaines régions », assure-t-il. En effet, selon les Nations unies, les trois quarts des zones de pêche dans le monde sont exploitées au-delà de leurs capacités à se renouveler. Il faut dire que les volumes de poissons pêchés à l'échelle mondiale sont passés de 25 millions de tonnes dans les années 50 à 50 millions de tonnes dans les années 70, pour atteindre même 80 millions de tonnes dans les années 90. Plus encore que les volumes pêchés, ce sont les méthodes qui inquiètent Philippe Cury, et tout particulièrement les captures accidentelles. Chaque année, 30 millions de tonnes de poissons sont rebasculés par-dessus bord, morts, faute de pouvoir être commercialisés. C'est ainsi que pour un kilo de crevettes pêché, 5 ou 6 kilos de poissons sont sacrifiés. « C'est une activité destructrice. On tue d'abord et on récolte ensuite. C'est comme si on jetait une bombe dans une forêt avant de chasser », s'insurge le chercheur français. Résultat : chaque zone de pêche de la planète a été chalutée huit fois. De quoi modifier totalement l'écosystème. Si elle favorise certaines de ses composantes, comme les oursins et les éponges, cette surexploitation peut menacer dangereusement certaines espèces. C'est le cas de la morue ou du saumon, dont le stock s'est effondré au Canada, au point que la disparition de cette espèce revêt aujourd'hui un caractère irréversible dans la région. Et l'aquaculture des poissons carnivores ne peut guère être considérée comme une alternative à la pêche, « car il faut pêcher des poissons sauvages pour nourrir ceux d'élevage ».

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20020830.FIG0187.html

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